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La ligne éditoriale globale de notre Magazine est avant tout, en tant que MIROIR DE L'INTELLECTUEL RWANDAIS, la création d'un cadre favorable aux échanges et débats intellectuels sur les sujets sociopolitiques du Rwanda. Notre approche est plutôt pédagogique, pour cela nous nous engageons très précautionneusement  dans des débats aux allures partisanes.

Odeur d'une révolution

Toutes les conditions sont déjà réunies pour une révolution populaire au Rwanda, cependant cette dernière reste entièrement utopique tant et aussi longtemps que l’évolution intellectuelle et politique s’avère imperceptible.

Artificieuses confessions des évêques catholiques rwandais

Ismail Isidore Mbonigaba

Pour la énième fois les évêques catholiques du Rwanda ont encore vaguement demandé pardon pour « le rôle des chrétiens » dans le génocide rwandais.

Loin de prendre ouvertement fait et cause pour toutes les victimes de la tragédie rwandaise, l’église catholique semble paradoxalement avoir opté de se faire l’écho de la propagande du FPR voulant que seul le génocide tutsi soit évoqué. De peur d’être taxé de négationnistes, les évêques catholiques se garderont d’évoquer même le massacre de Gakurazo qui a décapité l’église du Rwanda quand trois évêques étaient froidement assassinés en 1994 par un commando du FPR.

Dans un extrait  de la lettre pastorale publiée à l’occasion de la clôture du Jubilée de la Miséricorde on lit notamment ceci [...]

À propos de la rhétorique entourant le génocide rwandais :

Le chanteur Corneille se trouve sous le feu de la critique acerbe de la part des courtisans du FPR suite à la publication de son autobiographie qui tranche avec l’hypocrisie, l’indifférence et la complaisance.  

Ismail Isidore Mbonigaba

L’allusion aux crimes potentiellement perpétrés pendant le génocide rwandais par les actuels détenteurs du pouvoir à Kigali soulève toujours un tollé et une avalanche d’attaques dirigées contre les témoins et enquêteurs. Ce qui était commun jusqu’ici, c’est que les dénonciations faisant état des crimes du Front patriotique rwandais [FPR] émanaient principalement des victimes hutu qui passent pour détracteurs naturels de ce parti du général président Paul Kagame. L’ironie du sort est que les témoignages de ces Hutu, quelque douloureux soient-ils, ne semblent pas émouvoir le monde. Mais hélas...

Intellectuels dans le coma, politiciens à l'aveuglette 

Le scepticisme est palpable parmi les citoyens à l'égard d'une quelconque solution à l'imbroglio rwandais de la part des intellectuels. C'est d'ailleurs fréquent qu'on entend les gens se demander à juste titre si réellement il existe des intellectuels au Rwanda. Il convient de rassurer le monde, démontrer que nous avons toujours des intellectuels, mais que ces derniers ont sombré dans l'hibernation suite aux réflexes thanatologiques et obscurantistes de nos gouvernements vis-à-vis de la gens intellectuelle. La peur et la perte d'estime de soi ont conduit nombreux intellectuels à se renier eux-mêmes, d'autres à vendre leur âme au diable, s'abandonnant à l'aveuglette dans la politique en guise de pis-aller.

Ismail Isidore Mbonigaba

Pour faire leurs preuves, les voilà qui se surpassent dans le jeu clientéliste, sombrant la plupart du temps dans une crise d'hystérie pro ou anti-régime. Il suffit de faire le tour des réseaux sociaux pour observer ce beau monde et se rendre compte à quel point la politique virtuelle fait des ravages chez nos intellectuels qui manquent même le courage de s'identifier. C'est-à-dire qu'ils ont la difficulté de s'assumer. C'est grave, l'Internet devient donc l'opium des intellectuels capitulards. L'heure est désormais au réveil généralisé de la nation rwandaise, dans le sens de renouer avec nos vraies valeurs d'Ubupfura, et à la défaite définitive de l'intellohypnie, ce sommeil morbide des intellectuels.  

Inventer les clichés pour illustrer la tragédie rwandaise?

Ismail Isidore Mbonigaba

Le génocide rwandais est trop atroce pour en accroître la cruauté avec des images empruntées. Or, certains individus proches du régime FPR trafiquent des clichés tirés des films d'horreur ou des scènes étrangères pour les adjoindre à notre tragédie. Quelle est l'objet d'une telle imposture?

Ethnisme, un Fléau rwandais

Ismail Isidore Mbonigaba

Ils sont bien conscients de la sottise dramatique qui mène leur politique, mais curieusement les Rwandais restent tellement balourds au point de répéter en boucle la même erreur. Ils n'ont aucun sens de l'innovation! J'écrivais récemment que ceux qui se disent dévoués à la cause hutu sont probablement frappés d'une hallucination. De même, les fervents défenseurs de la cause tutsi sont très loin d'être rationnels.  

Le Front patriotique rwandais a conquis le pouvoir au Rwanda grâce à une carte ethnique, et cette même carte l'a maintenu au pouvoir pendant deux décennies. La misère des Tutsi était, à vrai dire, un gros prétexte pour le mouvement rebelle qui a attaqué le Rwanda en 1990 depuis son exil ougandais.

Comme la fin justifie toujours les moyens, les Tutsi ont dû être sacrifiés pour des motifs qui dépassent l'imagination : les deux belligérants avaient paradoxalement la même cible, d'un côté les Hutu radicaux qui voulaient conserver le pouvoir et de l'autre les Tutsi radicaux qui voulaient reconquérir le pouvoir. En effet, comme par complicité puisque ça ne peut pas arriver par hasard, les deux parties antagonistes ont activement participé à l'extermination des Tutsi de l'intérieur.

Des témoignages ont fait état de l'infiltration des Inkotanyi au sein des Interahamwe qui érigeaient des barrières et tuaient ostentatoirement les Tutsi. Bien qu'il soit reconnu à l'unanimité que les Hutu radicaux sont [...] 

"Bad News", l'ultime Alerte

Face à une tyrannie liberticide

Ismail Isidore Mbonigaba

"Pas de nouvelle bonne nouvelle", ceci n'est pas un proverbe pour les Rwandais. Ces derniers ont pour nouvelle quotidienne la mauvaise nouvelle, celle d'un proche froidement assassiné, porté disparu, mis en prison ou forcé à l'exil. Mais paradoxalement la mauvaise nouvelle n'est pas le souci de la presse, elle est soigneusement étouffée par les louanges chantées haut et fort par un peuple affamé et traumatisé à l'endroit d'une tyrannie pour le moins liberticide. Nous faisons face à une douloureuse disparition du journalisme indépendant au Rwanda du général Kagame.

 

Anjan Sundaram vient de publier "Bad News". Le traducteur avisé aura la peine de l'appeler "Mauvaise Nouvelle", car cette voix des sans voix n'a pas l'intention de révéler les multiples secrets de Polichinelle, mais de conscientiser l'univers à l'hypocrisie du régime FPR foncièrement allergique à la liberté d'expression. Dans une entrevue avec Anna Maria Tremonti de CBC ce lundi 25 janvier 2016, le journaliste Sundaram fait remarquer que la prise de notes est chose interdite si le président Paul Kagame se trouve dans les parages. Pas question de téléphone cellulaire, "voice recorder" ou d'appareil photo, même si vous vous estimez journaliste! Sauf pour les personnes autorisées, qui "savent" d'avance ce qu'elles doivent publier.   

Le livre d'Anjan est le récit complet d'un intrus patient qui, sous l'anodin titre de professeur, n'a pas trop attiré l'attention des loups du régime ni tombé dans le piège du charme. Il s'est profondément imprégné de la réalité vécue par ses étudiants journalistes ainsi que par des professionnels vivant au jour le jour dans une jungle où toute dissidence est impitoyablement écrasée. Contrairement à François Soudan, Collette Braeckman et autres propagandistes aveugles du régime de Kigali, Anjan Sundaram aura été l'un de ces rares journalistes occidentaux qui ont su relever le défi de l'empathie vis-à-vis de la misère vécue par les confrères rwandais.

 

M'adressant aux journalistes étrangers qui font leurs reportage dans la légendaire région des Grands Lacs africains ravagée par des conflits, je disais récemment qu'un journaliste consciencieux est sensé avoir le génie de se mettre dans la peau des protagonistes afin de relever les frustrations des uns et des autres. Anjan Sunderam a sans conteste relevé le défi. Au même titre que le documentaire Rwanda's Untold Story de Jane Corbin, Bad News expose la cruelle réalité vécue par les défenseurs des droits et libertés au Rwanda ainsi que les politiciens de l'opposition, réalité que connaissent bien nombreux gouvernements occidentaux qui, pourtant, préfèrent l'ignorer pour faire la paix avec le régime de Kigali.

Anjan Sundaram

Bad News est l'ultime alerte lancée au lendemain du dangereux tripatouillage constitutionnel qui engage le pays du général Paul Kagame sur l'option d'une présidence à vie. Les conséquences sont lourdes. Nul n'est donc besoin de souligner l'urgence d'agir avant que le pire frappe, l'ouverture de l'espace de liberté d'expression étant l'unique et incontournable préalable pour le désamorçage de cette bombe à retardement.

Le FPR est  foncièrement hostile à la liberté d'expression 

Entretien avec Radio Inkingi en Kinyarwanda

Le Cris du coeur: L'inquiétude est palpable au sein de la communauté journalistique

Emission de Radio Flash FM en Kinyarwanda

Le difficile débat intellectuel au Rwanda

L'intellectuel rwandais, cet oiseau rare

Pour asseoir confortablement leur pouvoir, les régimes successifs au Rwanda ont tout le temps pris pour cibles et éliminé, persécuté ou écarté les cerveaux susceptibles d'entraver la magouille. Il en a résulté une sensibilité quasi instinctive chez les intellectuels qui, comme moyen de survie, choisissent la servitude volontaire sous les auspices des régimes et systèmes véreux. Et, question qui tue, peut-on qualifier d'intellectuel un individu qui troque la rationalité contre des gains quelconques? Débat ouvert.

Ismail Isidore Mbonigaba

À la recherche d'un homme

Par

Ismail Isidore Mbonigaba

Bien que certains ne digèrent pas bien les références aux écrivains et philosophes étrangers préférant épuiser dans leur propre patrimoine, je voudrais quand même commencer ce chapitre avec l'histoire de Diogène de Sinope pour éclairer d'avance ma réflexion. Il est raconté que ce philosophe grec du 3è siècle avant Jésus-Christ se promenait en plein jour, lanterne à la main, répétant "Je cherche un homme". Mais qui d'emblée penserait que l'extrapolation de cette anecdote puisse trouver une adaptation parfaite dans le contexte qui nous préoccupe aujourd'hui?   

Les plus pessimistes analystes avancent que le Rwanda n'a pas d'intellectuels. C'est une assertion assez discutable, toutefois raisonnable à la lumière de plusieurs scénarios et faits qui se sont produits (et continuent de se produire) dans le pays et qui laissent douter de l'existence de l'illuminatio (allusion à la devise de l'Université nationale du Rwanda, La Lumière et le Salut du Peuple).

Le chiffre de plus en plus élevé de diplômés et d'universitaires rwandais ne contredit pas malheureusement l'affligeant constat, comme en témoigne l'absence flagrant du débat adéquat autour des défis majeurs de société. En témoigne aussi ce silence assourdissant des sages qui, cédant au chantage et craignant l'ostracisme, assistent traumatisés aux dérapages de la Nation sans pouvoir lever le petit doigt. Le plus aberrant cependant, concernant cette constellation de savants, c'est l'abrutissement qui résulte de la cacophonie à laquelle se livrent allègrement nos concitoyens par toile interposée.

À la recherche de la raison

 

L'exercice ne sera pas aisé même si notre Diogène national se munissait d'un projecteur de mille Watts! Le nuage de poussière soulevée par la bataille virtuelle entre d'une part les courtisans qui, becs et ongles se défendent et défendent la tyrannie, et de l'autre les frondeurs irréductibles, est plutôt trop épais et trop polluant pour caractériser un intellectuel. Ce dernier doit être guidé par l'éthique sans laquelle tout ce qu'il signifie et tout ce qu'il entreprend, si passionnément soit-il, ne saurait être fructueux.

 

Il importe donc que l'intellectuel apprenne non seulement à se définir lui-même et à s'en convaincre, mais aussi à convaincre le grand public, ses concitoyens. Et dans le cas précis du Rwanda, ce sont les défis et les enjeux de société qui en premier lieu vont nous servir à détecter les raisonnements méritoires.

Jean Daniel Mbanda a beau croire que "le seul bien que Dieu a daigné nous distribuer avec équité se trouve être "la raison" (sic) mais on pourrait lui rétorquer que dans ce cas il n'y aurait pas de déraison. Or, mensonge, mégalomanie voire démence, c'est de tous ces défauts que nos savants passent des journées à s'entraccuser, parfois dans un état de délire, sans jamais argumenter pour parvenir à un consensus. Où est donc la raison?

"Un jour où il parlait sérieusement et n'était pas écouté, Diogène se mit à gazouiller comme un oiseau, et il eut foule autour de lui. Il injuria alors les badauds, en leur disant qu'ils venaient vite écouter des sottises, mais que, pour les choses sérieuses, ils ne se pressaient guère." 

À chaque métier ses vertus, un proverbe dira par là même qu'il n'est point de sot métier, mais il n'est pas prétentieux de croire que celui de journaliste comporte des vertus exceptionnelles. Il s'agit bien de la démocratie, de la perspicacité et de l'honêteté, une combinaison doctrinale dont se réclament seuls les sages de la société. Les journalistes jouissent de cette haute estime et, la plupart du temps, finissent par se propulser dans des hautes positions dirigeantes. Mais c'est là que réside l'enjeu. Le pouvoir corrompt. Et quiconque portant la casquette de journaliste flirte avec les pouvoirs politiques est forcément exposé à des risques d'éloignement vis-à-vis des principes sacrés du journalisme.

La Morale journalistique

L'indispensable Révolution culturelle 

Deux ou trois phénomènes culturels résument la raison d'être des régimes autocratique au Rwanda :

 

-La peur d'un peuple qui courbe, depuis 1994, sous le flou des génocides, incapable de demander des explications. L'autorité impose un récit invraisemblable mais personne n'ose lever le petit doigt, parce qu'il ne faut pas indisposer les autorités.  


-Par Pudeur comme valeur ancestrale Ubupfura, les Rwandais ne versent pas leurs larmes devant les étrangers! Cette noblesse est empreinte de Stoïcisme : "Baseka bababaye, Bashinjagira bashira".

Ismail Mbonigaba

Leur peine cachée derrière le sourire face à leur bourreau, ils endurent la pluie et attendent patiemment le beau temps. "Nta mvura idahita", se consolent-ils par un proverbe.       

 

Il se trouve donc que la classe dirigeante actuelle au Rwanda n'a pas évolué dans le même moule culturel que la masse populaire, d'où les difficultés d'interpréter les comportements des citoyens dans différentes circonstances, sinon les leaders mettent sciemment à profit cette lacune culturelle pour accumuler des gains.

En bref nous avons un peuple crétinisé qui a besoin de réveil, besoin d'une véritable révolution culturelle, préalable à toute autre révolution visant le développement durable de la Nation.

Urgence du serment professionnel pour journalistes

 

Le serment des Intore n'a rien à voir avec l'éthique professionnelle du journaliste qui devrait, cela étant mon vif souhait de réformateur,  prêter solennellement le serment professionnel à la lumière des juges et des médecins. Qu'on l'appelle Serment de Théophraste ou de Mbonigaba cela importe peu, l'essentiel reste seulement qu'on ne peut plus se permettre de qualifier de journalistes les miliciens des régimes antidémocratiques. Le choix doit être simple et clair, du genre "Moi Mbonigaba, j'accueille en toute humilité l'honneur d'être journaliste. Conscient des exigences normatives et morales de cette noble profession, je m'engage à m'acquitter de mes fonctions avec intégrité et dévotion illuminatrices. Je donne ma parole à mes pairs et à ma Patrie." 

Ainsi soit-il.

                             

Forcés de prêter le serment des Intore

 

 

 

 

 

 

 

La photo des journalistes rwandais en pleine séance d'éducation "civique" fait écarquiller les yeux et sans doute réfléchir. L'instructeur du jour est soit le Chef de l'Etat Major de l'armée rwandaise soit le ministre de la défense. Les élèves sont des journalistes accoutrés de treillis militaire et désignés de militants "Intore", en train de réciter scrupuleusement le serment d'allégeance au parti FPR. Le serment d'Intore est le suivant (Traduction libre) "Je suis champion parmi les brillants compétiteurs, stimulateur de l'héritage ancestral, gardien des progrès réalisés. Je porte loyalement le message, je suis à l'avant-garde de l'édification du Nouveau Rwanda et du développement de l'Afrique."

Ismail Isidore Mbonigaba

Etre journaliste dans la Région des Grands Lacs africains Un défi de taille

Mal formés et mal informés, voilà les deux concepts qui sous-tendent le triste diagnostic des maux et malheurs de la Région africaine des Grands Lacs. D'une part, nombreux de ceux qui portent la casquette de journaliste souffrent de sérieuses lacunes quant à l'application des principes les plus élémentaires de l'étique professionnelle. Loin de mettre en doute leurs qualifications scolaires, c'est plutôt l'esprit journalistique de nos confrères et nos consœurs qui nous préoccupe présentement.  

   

D'autre part, l'exploitation des médias, notamment par la classe politique véreuse, renverse l'effet de leur prestation. Tantôt plus abrutissante que civilisatrice, tantôt plus affolante que porteuse d'espoir, la mission des médias au sein des communautés à forte susceptibilité doit faire l'objet d'une étude approfondie en vue de permettre aux journalistes d'acquérir la plus grande lucidité possible.

 

Il va sans dire que les contextes de conflit social et de l'après crise sociale exigent du journaliste une prise de conscience particulière, inspirent des choix individuels audacieux qui, en fin de compte, détermineront la valeur du professionnel aux yeux des pairs et du public. Face à une société qui souffre de retard sur plusieurs plans, en d'autres termes une société hautement vulnérable, le souci majeur de toute personne civilisée devrait être d'alléger les souffrances de nos semblables et de souscrire à leurs aspirations au bonheur, tout en contribuant à leurs efforts visant la transformation sociale. Qu'en est-il alors du journaliste qui se retrouve au milieu des individus traumatisés, ayant vécu des horreurs de guerres, de massacres et de génocides?

 

Un vrai journaliste est sensé avoir le flair des gros défis auxquels il peut être confronté dans la Région des Grands Lacs africains. Il ne suffit pas de seulement relater les faits, dans un contexte de conflit social qui a duré pendant des décennies voire des siècles, tout journaliste est également sensé avoir le génie de se mettre dans la peau des protagonistes afin de relever les frustrations des uns et des autres. Confronté à plusieurs "vérités" contradictoires au sein d'un même peuple, où les fossoyeurs des uns sont des héros pour les autres[1]*, éminent sera le journaliste qui saura faire montre de leadership en établissant une vérité consensuelle.

 

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[1] Inspiré du livre de François Munyabagisha, "Pourquoi Nos Fossoyeurs Sont-ils Vos Héros?"

Ismail Isidore Mbonigaba

Éditorial 

En quête de l'Espace Gitera

Aho kwica Gitera nimwice ikibimutera (Sublatta Causa Tollitur Effectus)

 

La société rwandaise peine à se remettre des séquelles du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994. Vingt ans après cette tragédie sans nom, les Hutu et les Tutsi continuent d’être hantés par les fantômes des leurs disparus, certains dans des circonstances qui ne font pas encore l’unanimité.

 

Dans leur subconscient collectif, les deux entités restent coincées dans un profond traumatisme donnant lieu à une logique de haine absconse, à la peur vague et au sentiment de vengeance contre un inconnu. On a pratiquement affaire à des émotions aveugles, des extrémismes et des attitudes dangereuses et socialement inacceptables. La menace reste élevée.

 

Le gouvernement est conscient de cette situation. Les mesures ont été établies, essentiellement dans l’esprit de limiter les dérapages ou les dégâts, mais en empiétant lourdement sur les droits du citoyen. Paranoïaque à la suite du rôle néfaste des médias dans le passé, le gouvernement du Rwanda n’a pas su investir dans la pédagogie mass-communicationnelle avec approche de débat contradictoire pour la recherche d'un compromis.

 

Par rapport aux mass-médias, l’accent a  plutôt été  mis sur les procédures sévères d’étouffement de la grogne et de pénalisation de la critique, mettant la libre expression à rude épreuve, créant ainsi un climat de méfiance tacite. Loin d’être un signe positif de consensus, le silence qui règne à l’intérieur du Rwanda et le tabou absolu créé autour de certains sujets constituent plutôt une véritable bombe à retardement. Ceci est justifié par le mécontentement manifeste au sein de la diaspora rwandaise et le langage austère utilisé dans les fora de discussion sur internet ainsi que dans les médias sociaux.

 

Cependant, à l'image du très regreté Mgr André Sibomana, nous gardons espoir pour le Rwanda. Les Volontaires de la Paix pour la Libre Expression [VEPELEX] sont à l’avant garde de la création de "l’Espace Gitera" ou notre Trafalgar Square, physique ou virtuel, où tout individu jouira du droit de s’exprimer sans le moindre risque d’être lynché.

 

Nous voulons désormais constituer un Parlement alternatif qui rendra à tout un chacun son droit à l'opinion. Nous sommes une organisation qui se donne pour mission d'initier les actions et les projets en vue de désamorcer les tensions sociales au Rwanda et dans les Grands Lacs africains, dans le but ultime d'établir solidement la Liberté d'expression dans cette région qui a connu l'un des pires génocides du siècle dernier.

 

 

Ismaïl Mbonigaba

Rédacteur en chef

1er mars 2014

Au départ, il doit y avoir un consensus : Le Rwanda est un cas pathologique assimilable au cancer, au sida ou autres cas de traitement complexe.

 Le virus qui ronge ce pays est endémique et extrêmement contagieux, non seulement par contact physique mais aussi par ondes électroniques.

 

Depuis un demi siècle, le Rwanda indépendant a perdu des millions de vies humaines dans des conflits nettement illogiques entre frères. En 1994, le mal était à son comble : la haine s’est matérialisé par le génocide commis contre les Tutsi.

 

Les clivages ethniques et idéologiques profondément enracinés dans la société rwandaise ne peuvent pas disparaître du jour au lendemain, tellement l’ignorance est puissante là-dedans à telle enseigne qu’elle génère des passions et des phobies aveugles.

 

Le mal rwandais est trop fort, autant lui faut-il un remède à sa plus forte causticité. Le guérisseur, ce n’est pas n’importe qui. Le remède, ce n’est pas du n’importe quoi. Les militaires ont essayé avec leurs armes de destruction massive, rien n’y fait. Les pasteurs ont parlé en langues, rien non plus n’y fait.

 

L’heure est donc à la thérapie de compromis par l’artiste de la communication interposé.

 

Ismail Isidore Mbonigaba

Rwanda-Géopolitique 003

 

On en a ras-le-bol de cette farce politique
PAR ISMAÏL MBONIGABA

RÉDACTEUR EN CHEF

15 FÉVRIER 2014

 
On ne parlera jamais assez de l’impératif du changement au Rwanda et de l’ingrédient intellectuel sans lequel la mayonnaise démocratique ne prendra pas. Certes, notre discours sur la responsabilité citoyenne et la conscience collective peut paraître froissant de par sa nature globalisante quand il s’agit d’éperonner l’élite, nous répondons cependant à l’obligation morale de faire évoluer le débat et le processus démocratique. « Tout projet d’ordre politique et à caractère social qui engage le destin de tout un peuple méritent l’utilisation de tout le potentiel humain et la concertation, particulièrement le concours de l’élite rwandaise. » (Victor Manege Gakoko)
 
La sensibilité à l’urgence du moment constituant donc un critère important de la recherche de solutions, l’absentéisme sera toujours considéré capitulation avant le combat ou, dans l’optique pessimiste, comme une tacite complicité qu’on pourrait qualifier trahison. La décente effrénée du Rwanda aux enfers, l’échec des révolutions et l’éternel fourvoiement des acteurs politiques, sont autant de facteurs qui soulèvent une interrogation légitime : « Est-ce qu’il y a des intellectuels citoyens dans ce pays? », en insinuant que l’intellectuel se distingue par la critique objective et par l’action et non par la résignation. À l’église de ma localité (Bellechasse), le pasteur Jean-Yves Marleau a livré une homélie qui a fort retenu mon attention : « Nous avons un ennemi dans ce monde qui aime limiter notre potentiel à faire une différence dans la vie des autres. Une des façons qu’il nous limite c’est en assaillant notre estime de soi. L'échec, la critique et le rejet peuvent aussi faire des ravages sur notre estime de soi si nous les permettons. Par conséquent, plusieurs gens portent des masques en public et ne prennent pas de risques dans la vie parce qu'au fond d'eux ils combattent l'insécurité [et la peur]. Ils craignent d'être rejetés si quelqu'un découvre à quel point ils ne sont pas parfaits. » À ce que le pasteur a dit, je n’ajoute rien.
 
L’esprit grégaire et le suivisme chez la plupart de Rwandais sont deux attitudes extrêmement inquiétantes qui contribuent aux crimes graves par association ou par omission (ou au suicide, tels les moutons de Panurge) et par conséquent à la condamnation indiscriminée des masses. L’intellectuel doit prendre son courage à deux mains et se démarquer de la masse, accepter d’être jugé voire d’être attaqué quand il a l’intime conviction que de ses principes découlent l’estime de soi et l’engagement ferme envers la collectivité. Pourquoi par exemple l’intellectuel rwandais du XXIe siècle doit-il accepter de se fondre dans l’un ou l’autre de ces blocs traditionnellement antagonistes, foncièrement bigleux, qui l’entrainent dans une logique carrément belliciste? Pourquoi une majorité intellectuelle accepte-t-elle d’être asservie par une infime minorité égocentrique?
 
Deux décennies à tourner en rond
 
Un effort intellectuel est désormais indispensable pour sortir de cette routine léthargique, ce calvaire qui dure depuis 20 ans pour la plupart de réfugiés rwandais dont le rêve le plus cher est de regagner le berceau ancestral. Les formations politiques d’opposition de la diaspora dont l’espérance de vie est considérablement courte ne cessent de naitre, de se métamorphoser et de mourir pour laisser à leurs fondateurs éternels le soin de changer les couleurs de drapeau. Aucune innovation d’ordre idéologique, aucune action ni stratégie susceptibles de contribuer à l’alternance.
 
On a observé des cas où un parti politique est utilisé par beaucoup de politiciens qui végètent dans leur asile comme une marque de commerce ou un moyen de se vendre moins cher auprès du parti majoritaire au pouvoir, au moment où leurs collègues se livrent une guerre sans merci, se permettant même des erreurs graves en vue de se positionner en tant que mâle dominant.
 
Las de ce divertissement plutôt ennuyeux de nos « patineurs politiques » qui ignorent tout sur les règles du jeu politique, les citoyens consciencieux et responsables devront exprimer leur ras-le-bol (mieux vaut tard que jamais) et imposer les règles de jeu transparentes dans l’intérêt collectif.

 

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Rwanda-Géopolitique 002

 

Sur le banc des accusés : l’élite intellectuelle africaine complice des crimes d’État
 
PAR ISMAÏL MBONIGABA & VICTOR MANEGE

1ER FÉVRIER 2014

 

Nous sommes catégoriques : Tant que l’élite intellectuelle africaine continue de renoncer à ses responsabilités à l’égard de la cause du peuple, elle œuvre sciemment à affaiblir les institutions et, par conséquent, à ruiner les Nations. Toute excuse sera nulle et non avenue, car nos intellectuels pèchent aussi bien par action et que par omission. La faillite des processus démocratiques en Afrique est beaucoup moins imputable au despote qui prend accidentellement le pouvoir qu’aux fameux détenteurs de PhD qui foisonnent dans sa cour. Ces grosses têtes rivalisent de zèle et d’ingéniosité pour asseoir confortablement la dictature suivant le modus operandi traditionnel : manipulation du peuple, intoxication de l’opinion internationale, tripatouillage de la constitution, chasse aux sorcières et meurtre des critiques. Peut-il y avoir des aventures criminelles que nos tyrans africains peuvent entreprendre sans d’abord en confier l’étude du projet à leurs idéologues ? Ces derniers sont les véritables architectes des systèmes corrompus, concepteurs des politiques qui leur permettent de profiter allégrement des ressources et des avantages que procure le pouvoir.

 

Mais, pourquoi l’assassinat reste-t-il une réalité inhérente au pouvoir en Afrique ? D’abord, parce que l’Afrique n’a plus de repères morales et elle se déshumanise de plus en plus. Dans les cœurs, l’argent s’est vite substitué à la vertu. Ensuite, les institutions sont devenues des appareils de production à la solde d’une oligarchie. Par conséquent, cela consacre l’impunité et donc encourage la criminalité au sommet de l’État et dans les sphères proches du pouvoir. Aujourd’hui, il y a dysfonctionnement intentionnel dans l’appareil d’État, car peu de leaders africains se préoccupent vraiment d’asseoir un véritable État de droit et de consolider la séparation des trois pouvoirs - exécutif, législatif et judiciaire - pourtant piliers de la démocratie républicaine.

 

Sur le continent africain, les chefs d’État, généralement considérés comme les garants de la Constitution, sont parmi les premiers à ne jamais la respecter. Pourtant, dans la loi fondamentale, figurent clairement des clauses faisant en particulier du chef de l’Etat le «chef suprême» de la magistrature et des armées. Au nom de la fonction, certains chefs d’État se croient même au-dessus de la loi. Or, un chef d’État qui abuse de ses prérogatives incite sa "cour" à se croire elle aussi au-dessus de la loi, et donc autorisée à commettre toutes sortes d’abus et de délits. Par ailleurs, dans plusieurs pays en Afrique, comme la justice est confisquée par le régime en place, rares sont les magistrats qui osent encore appliquer l’éthique et la déontologie. Les magistrats ayant peur de s’assumer, rares sont aussi les dossiers d’assassinats politiques qui aboutissent.

 

Il est étonnant de voir combien d’intellectuels africains, une fois tombés en disgrâce, foutent le camp et prennent le chemin de l’exil après avoir longtemps foutu le bordel dans l’appareil d’État ! Longtemps thuriféraires des pouvoirs en place et dont certains sont au centre d’affaires troubles et compromettantes, ces intellectuels prébendiers ne savent quoi faire quand arrive le temps de justifier leur imposture. Les voilà en exil, métamorphosés en opposants politiques pour masquer leurs crimes envers la société. Les voila dénoncer les pratiques d’un l’État d’exception issu d’un régime qu’ils ont eux-mêmes créé et fortifié. Sommes-nous vraiment dupes et assez caves pour ne pas comprendre leur opportunisme, leur incivisme, leur trahison et leur lâcheté?

 

Si l’opinion publique sait bien faire preuve de patience, les analystes politiques sont d’avis que jamais elle ne sera aveugle, encore moins sourde, muette et éternellement insensible, surtout face au passé très récent. De plus en plus, les peuples deviennent conscients de la réalité, et surtout de leurs droits. C’est pourquoi, ils ont aussi de moins en moins peur des intimidations, des chantages, des provocations et des agressions. Heureusement que dans les démocraties occidentales qui nous servent de modèles il n’y a pas l’omnipuissance du chef de l’Exécutif. Car, des structures et des textes encadrent strictement ses prérogatives institutionnelles qui le soumettent au respect des lois et textes juridiques en vigueur.

 

L’Afrique, elle, a du mal à cloner le modèle original de la démocratie occidentale, elle se contente de dupliquer juste sa forme pour mieux profiter des imperfections inhérentes à tout système inventé par l’humain. La démocratie ne fonctionnera jamais tant que le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire demeureront sous contrôle de l’exécutif, que l’armée sera à la solde du régime en place, et que la presse et les opposants politiques accusés abusivement de terrorisme seront traqués et assassinés en toute impunité. Il est plus que temps que les intellectuels africains se ressaisissent, se dégagent de la concupiscence pour se battre par tous les moyens légaux possibles en vue de faire jouir leurs peuples de la culture démocratique, de la bonne gouvernance et de la fin de l’impunité.

 

Ainsi les assassinats politiques cesseront d’être utilisés comme une arme de la concurrence déloyale à laquelle on recourt pour biaiser la compétition politique démocratique.

 

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Rwanda-Géopolitique 001

 

Cette touche thanatologique de notre démocratie!

PAR ISMAÏL MBONIGABA

RÉDACTEUR EN CHEF

15 JANVIER 2014

 

 Et si, ironiquement, nous disions qu’au Rwanda l’assassinat se classe en tête des performances « démocratiques »? Voilà depuis 52 ans, le mode de succession au pouvoir n’a pas évolué sous la République par rapport à la séculaire monarchie « nyiginya ». Il a même rétrogradé à en comparer la brutalité de nos jours avec le rite de suffocation, suivant le code ésotérique, des monarques devenus invalides. Toute velléité d’accession au pouvoir se trouve sanctionnée par la mort pour les moins chanceux, la prison et l’exil pour les veinards.

 

Le Rwanda est par excellence le pays de la répression et de l’intolérance quand vient la compétition pour le pouvoir. Ainsi, encore une fois, la mort était-elle au rendez-vous à un moment où l’ensemble de l’humanité essaye, à l’unisson, de faire abstraction des malheurs, moment où chez nous en particulier les gens sont plongés dans leurs fantasmes pacifistes et fraternistes du début de l’année. L’opposant au régime actuel de Kigali, le colonel Patrick Karegeya, s’est fait tuer ​​le 1erjanvier 2014 dans son asile d’Afrique du Sud. D’autres éminents politiciens, tels Théoneste Lizinde et Seth Sendashonga étaient aussi assassinés dans leur exil au Kenya en 1996 et 1998 respectivement. À l’intérieur du pays, une liste non exhaustive comprend des politiciens assassinés ou disparus à différentes dates dont notamment Évariste Burakari, Gratien Munyarubuga, Augustin Cyiza, Dr Léonard Hitimana, Assiel Kabera, André Kaggwa Rwisereka et une kyrielle d’officiers.

 

La triste réalité au paradoxe notoire, c’est qu’au Rwanda la « démocratie » a toujours été sous la tutelle des démocraties occidentales. Tous les régimes qui s’y sont succédé, depuis la mission civilisatrice des Belges aux années de la monarchie jusqu’aujourd’hui, ont eu leurs baby-sitters et non des moindres, car il s’agit des Français, des Anglais, des Canadiens et des Américains. Toutes ces puissances démocratiques ont fourni sans intervalle accompagnement et encadrement sur tous les plans, politique et spirituel singulièrement. Alors, une question fondamentale reste posée face à notre imbroglio révolutionnaire : quelle est la genèse de la faillite de la démocratie rwandaise ? Certains pensent peut-être que le réflexe de tuer son adversaire politique s’inscrit dans la culture ancestrale, mais cela n’est pas exclusif au Rwandais. D’autres évidemment sont prompts à attribuer ce réflexe aux endémiques chicanes ethniques entre le Hutu et le Tutsi. Que nenni ! Les assassinats politiques sont communs entre Hutu autant qu’entre Tutsi.

 

Il convient alors de regarder raisonnablement du côté d’un agent externe pour déceler qu’il y a eu un traitement avilissant du citoyen rwandais par l’impérialiste qui, contraint par la Déclaration universelle des droits de l’homme, lui a accordé une indépendance de façade. La faillite de la démocratie au Rwanda est bel et bien la conséquence de la prise en otage du peuple par les suppôts ou les marionnettes de l’impérialiste, des mercenaires qui se moquent de l’instruction, soucieux de préserver en priorité les intérêts du maitre. Ce dernier est fournisseur d’armes par lesquelles le vassal doit se protéger contre son propre peuple, l’assujettir et le massacrer quand son emploi est menacé. Ainsi le maitre se réserve le pouvoir de décider quand mettre fin au règne et qui placer au trône. La finalité est bien résumée dans le titre et dans le contenu de Rwanda and the New Scramble for Africa : From Tragedy to Useful Imperial Fiction du journaliste et écrivain Robin Philipot. (Traduction libre : Le Rwanda et la Nouvelle ruée vers l’Afrique - De la Tragédie à l’utile Fiction impérialiste).

 

La démocratie est sans conteste cette femme en détresse partout dans le monde, ainsi chaque nation doit-elle produire ses propres héros pour voler à la rescousse. Le temps des impérialistes est révolu, la balle se trouve désormais dans le camp des intellectuels qui sont tenus de peser dans la balance face à la démocrature.

 

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Rwanda-Géopolitique Édition Inaugurale

 

Politique, Géopolitique et Nous : Invitation à l'élite rwandaise à sortir de son mutisme

 

PAR ISMAÏL MBONIGABA & VICTOR MANEGE GAKOKO

1ER JANVIER 2014

 

Sans surprise, aujourd’hui le terme "géopolitique" fait partie du jargon universitaire, politique,diplomatique ou journalistique. En effet, tel qu’expliqué par l’Institut Français de Géopolitique, ce terme est désormais couramment utilisé pour désigner ou traiter les problèmes contemporains de grande envergure, qui peuvent aboutir à des conflits graves ou à des décisions politiques aux conséquences considérables. Aussi, les situations diverses comme les revendications territoriales ou même les rivalités préélectorales ou postélectorales sont analysées comme des questions géopolitiques au même titre queles tensions entre États ou les affrontements interraciaux ou interethniques.

 

En Afrique, la "Région des Grands Lacs", (ensemble géopolitique composé des pays - Tanzanie,Ouganda, République démocratique du Congo, Rwanda et Burundi), est secouée depuis plus de 20 anspar une crise à la fois multiforme, multidimensionnelle et aux multiples racines. Cette crise a amené lesdifférents acteurs politiques à élaborer des stratégies spécifiques dans un environnement non seulementde fortes rivalités politiques et géopolitiques mais aussi de contraintes économiques et sociales.Concernant le Rwanda en particulier, les conséquences transfrontalières du génocide commis contreles Tutsi de l’intérieur et l’échec d’une véritable réconciliation nationale, ont annihilé toute velléité decoexistence harmonieuse, à tel point que l’antagonisme latent entre les ethnies ou communautés tutsi ethutu, s’est inscrit dans leur subconscient et dans la mémoire collective.

 

Au niveau international, si ce génocide indescriptible est imputé aux leaders hutu et leurs complices,l’insécurité de la région et surtout la déstabilisation de la RDC sont, par contre, attribuées aux leaderstutsi et leurs acolytes. Ainsi, la question de la sécurité, la gestion des conflits systémiques, les stratégiesspéculatives et la misère des populations innocentes s’avèrent des enjeux politiques et géopolitiquesmajeurs de la "région des Grands Lacs" en général et du Rwanda en particulier. Le Magazine « Rwanda – Géopolitique », qui paraît à point nommé, s’annonce de ce fait comme unEspace de libre expression réservé en priorité à l’intelligentsia rwandaise, pour qu’elle puisseexprimer ses opinions et ainsi contribuer à la recherche d’une solution durable aux problèmes desécurité et de développement de la région. Car, il faut désormais que l’élite rwandaise transgresse lestabous interdisant l’analyse lucide de l’évolution sociopolitique, sinon son indifférence ou son silenceéquivaudraient implicitement à l’approbation ou à la complicité.

 

Ainsi le Magazine « Rwanda – Géopolitique » devrait introduire dans l’espace médiatique rwandais laqualité dans les débats politiques en créant un nouveau cadre de réflexion pour mieux appréhenderles difficultés inhérentes à l’hétérogénéité des acteurs et à la diversité des enjeux et des approches ainsiqu’à la complexité et à la volatilité des situations. Notre Magazine se donne en outre une mission complémentaire citoyenne [un défi de taille], celle deservir d’Observatoire Indépendant pour l’Élection Présidentielle de 2017 et ce, dans la démarche pédagogique de sensibilisation à l’alternance démocratique pacifique.

 

Par là aussi, nous souhaitons que dorénavant la vigilance et la responsabilité sociale des intellectuels rwandais constituent à la fois le rempart des pratiques démocratiques authentiques et l’antidote contre les effets aliénants de l’obscurantisme ou de la pensée unique. La récente tragédie rwandaise nous apprend qu’il vaudrait mieux prévenir que guérir afin de se prémunir contre le radicalisme insidieusement en cours de réamorçage, les vulnérabilités politiques qui s’y rattachent et les dérapages sociaux qui éventuellement en découleraient.

 

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