Ni Inyenzi, Ni Interahamwe
Non à l'amalgame SVP!
Qu’on ne soit pas induit en erreur par cet isomorphisme linguistique Kinyarwanda-Français! Dans l’affirmatif éhonté, les extrémistes hutu me qualifient d’Inyenzi, tandis que leurs cousins tutsi disent que je suis Interahamwe. Ma réplique a toujours été formelle là-dessus: je ne suis « ni Inyenzi, ni Interahamwe .»
Ça m’est arrivé de nouveau au cours de la célébration du Nouvel An 2007 au centre communautaire Eugène Sauvageau de Hull à Gatineau. Minuit venait de sonner, et tout le monde s’est mis à trinquer, on s’est levé pour échanger les vœux dans une liesse quasiment électrique. Des coups de joues ou de becs pleuvaient à flot, particulièrement lorsqu’une figure vous paraissait familière.
Dans cette ambiance, alors que l’année 2007 n’est vieille que de dix minutes, je me jette dans les bras d’un gars que j’avais rencontré chez un ami quelques mois auparavant, mais nous n’avions pas eu l’occasion de nous présenter l’un à l’autre. Et, retenez votre souffle SVP! En me reconnaissant, le monsieur a tout de suite changé d’humeur, et m’a posé cette question : Uri Inyenzi cyangwa uri Interahamwe? J’étais au départ perplexe, je n’en croyais pas vraiment mes oreilles vu le contexte dans lequel les familles entières s’étaient réunies. L’homme a insisté au point de me rendre nerveux. Comme s'il voulait m'inspirer une réponse correcte, il me dit: "Moi, je ne suis pas Inyenzi". Il demandait à tous mes amis s’ils me connaissaient vraiment.
N’eût été mon habituelle courtoisie (ou mépris total dans le cas présent), je parie qu’il y aurait eu un scandale. Mais ça m’a coûté plusieurs minutes pour me remettre sur la piste de danse. Heureusement que de tels gens brutes « ari bake cyane ».
Ma réponse à ce gaillard trouble-fête qui se prénomme Anastase fut : « sinshobora kuba Inyenzi, kandi sinshobora kuba Interahamwe. » Je ne suis ni l’un ni l’autre, seulement mes détracteurs s’évertuent à me coller d’une manière ridicule les étiquettes, qui ne peuvent pas coller! Interahamwe et (inyenzi) Inkotanyi sont deux catégories de personnes que j’abhorre mêmement, et je ne serais nullement surpris par le fait qu’eux aussi ils puissent me détester. Il n’y aurait pire malédiction que d’être un Interahamwe ou un Inkotanyi pour le Rwandais qui a vu, vécu et survécu les ravages causés à notre pays par les deux organisations criminelles.
Ainsi a commencé mon année, sur une note de stress qui suscite en vous des points d’interrogation que tout homme sensé ne manquerait de prendre en compte : Qu’est ce qui rend un Interahamwe et un Inkotanyi fiers, de sorte à s’exhiber au Canada et se sentir capables de me frustrer? Hier c’était un Inkotanyi nommé Sharangabo de Montréal qui me promettait la mort, je n’aurais pas cru qu’aujourd’hui un Interahamwe prénommé Anastase puisse avoir ce courage de m’agresser de visu!
Son cœur est saignant!
Les festivités du Nouvel An au centre Eugène Sauvageau étaient relativement passionnantes, mais force est de constater qu’il y avait des gens qui étaient visiblement mal dans leur peau à cause de la présence des éléments indésirables. Tenez! Alors que je causais avec mes amis Théo, Dalhie et Hélène, un jeune homme de peau blanche s’est approché et a dit « mon cœur est saignant, ce que vous faites n’est pas bon ».
Je peux dire que je n’ai pas saisi le sens de ce court message, ni à qui de nous ces propos étaient adressés. Je me suis seulement intéressé à connaître qui était cet homme, et j’appris qu’il est le fils{possiblement adoptif} de Monsieur Z. Qui pouvaient être ces éléments indésirables, au fait? On peut noter que la fête du Nouvel An a été rehaussée par la présence de plusieurs membres des familles proches de l’ancien Président rwandais Juvénal Habyarimana. A cette occasion, la fille de l''homme mort le 06 avril" Marie Rose et son conjoint ont été couronnés « couple le plus chic » du Nouvel An 2007. Malgré donc l’animosité affichée par certains, les cérémonies ont été closes en beauté à 3 heures du matin, sans qu’aucun discours politique soit prononcé. Dans un court entretien que j’ai eu avec le Président de la Communauté des Immigrés Rwandais en Outaouais (CIRO), M. Claude Seyoboka s’est pressé de me dire : « bienvenue, comme tu peux le constater nous sommes une grande communauté composée de Hutu, de Tutsi et autres. » La vérité, qu’on le veuille ou non, c’est que j’ai pris cette fête comme une exclusivité des Hutu!
Depuis que je vis au Canada, je m’intéresse à entrer en contact aussi bien avec les individus que les différents groupes des Rwandais, quelles que soient leurs ethnies et leurs sensibilités politiques. Je peux dire que j’ai vraiment ce privilège divin de ne pas me sentir frustré ou intimidé par qui que ce soit, qu’il s’agisse d’un personnage de petit calibre (comme Anastase) ou d’un président de la République (comme Kagame). Les menaces ne font que m’exciter!
Je me sens à l’aise autant ensemble avec les Hutu que les Tutsi, sauf ceux que ma présence rend inconfortables! Dans mes investigations j’ai appris qu’il existe le groupe hutu (CIRO) et un autre groupe tutsi proche du FPR, appelé Communauté des Rwandais d’Ottawa-Gatineau, dirigé par un certain Dr. Jean. Ce groupe-là aurait aussi organisé son Nouvel An exclusif, au sens de « reléguer » ceux qui ne sont pas des lèche-culs.
Prise d’otage?
Un ami tutsi qui a analysé les relations entre les Rwandais m’a parlé de cette similitude combien intrigante des groupes « hutu et tutsi », paradoxalement composés d’intellectuels et, de surcroît, basés aux Canada! Il ne condamne pas l’existence des groupes en tant que tels, mais plutôt leurs dirigeants qui cherchent toujours sournoisement à récupérer les membres d’une ethnie donnée pour des fins idéologiques et démagogiques. On se pose la question de savoir pourquoi les Rwandais continuent à être tiraillés par des individus sans scrupule, qui prêchent la division et qui finissent par noyer toute une ethnie dans une idéologie minable? C’est la prise d’otage pure et simple. Le Hutu du Canada n’a rien à craindre du Tutsi du Canada, et vice versa. Par contre tout le monde {Hutu et Tutsi} doit craindre un Interahamwe et un Inkotanyi, ces brebis galeuses qui laissent l’horreur sur leurs traces.
"Les extrêmes se touchent"
Dans leur jeu étrangement similaire, les Interahamwe et les Inkotanyi semblent ne pas avoir peur les uns des autres, puisqu'il leur est facile de s'entraccuser. "Les extrêmes se touchent", m'a dit mon ami l'analyste qui a eu l'occasion de rencontrer le fameux Anastase et son homologue Dr. Jean lorsque les deux étaient respective- ment à la tête de CIRO et la communauté rwandaise du Canada (Ottawa-Gatineau). Les Interahamwe et les Inkotanyi sont par contre extrêmement mal à l'aise en face d'une personne qui se veut étrangère à l'un ou l'autre groupe. La seule formule valable pour eux, c'est "si tu n'est pas Interahamwe, tu es Inkotanyi" ou vice versa. Moi, je m'inscris en faux contre cette assertion fallacieuse dont le motif n'est autre que se cacher derrière les masses pour globaliser {croyant ainsi atténuer} la responsabilité des crimes prétendument commis en leur nom. Non, non, non, et non!
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