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Le Récit des Rendez-vous Manqués

« Errare humanum est, perseverare diabolicum »


Si lors de la démission du gouvernement Twagiramungu en 1995 l’élite intellectuelle du FPR n’y a pas pigé grand chose, l’on serait tenté de qualifier d’erreur ce manque d’égard envers les Hutu modérés.

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Ces derniers ont consenti d’immenses sacrifices à braver le radicalisme anti-tutsi qui n’épargnait pas les « complices du FPR ou les traitres hutu ». Le Rêve d’un Rwanda uni et réconcilié que seule la tendance modérantiste pouvait incarner s’est ainsi vite évanoui avec cette démission. Il a cédé la place à une théorie pernicieuse qui occulte les ethnies au Rwanda, mettant plutôt en relief deux catégories de citoyens: les victimes du génocide (sous-entendues tutsis) et les meurtriers (sous-entendus hutu).

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Si certains intellectuels du FPR ont par le passé commis l’erreur de confondre tous les Hutu aux meurtriers, l’initiative du Président Kagame de désigner une équipe de « préparation de la transition » devrait leur permettre de rectifier le tir. Car « persister dans l’erreur est l’œuvre du diable. » Les propos tenus à la Radio Rwanda par l’un des sénateurs désignés selon lesquels « tous les Hutu sont des génocidaires » pourraient compromettre sa nouvelle mission s’il ne se rétracte pas publiquement. Les politiciens devraient donc avoir le courage de faire face à leur passé, si honteux soit-il, et l’assumer sereinement en se réconciliant avec leur conscience.

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Une occasion en or est de nouveau offerte aux sénateurs Tito Rutaremara, Antoine Mugesera et Dr. Joseph Karemera de concevoir un moule idéologique convenable pour tous les Rwandais, les Hutu, les Tutsi et les Twa, où qu’ils soient. Ce triumvirat, parallèlement au Président Kagame, se retrouve dans une situation à choix binaire : entre le bien et le mal. La tâche qui leur a été confiée est supra-citoyenne dont le succès ouvre large la porte du panthéon, tandis que l’échec donne droit au mépris. Il n’y a pas de demi-mesure : soit on est héros soit on est lâche aux yeux du peuple et de l’histoire, témoins et juges de nos actes politiques. [if !supportLineBreakNewLine] [endif]

Pour conclure sur la formule de transition, nos compatriotes appelés à la manière des apôtres de Jésus parmi une foule ont du pain sur la planche. D’emblée ils auront la difficulté de convaincre qu’ils représentent les intérêts du peuple rwandais entier de par leur statut de « patriarches » ou d’idéologues du FPR. L’énoncé de la commande qu’ils ont reçue du Président Paul Kagame fait mention de changement, continuité et stabilité. L’interprétation de ces trois concepts est inévitablement sujette à de multiples controverses, non seulement à l’échelle nationale, mais aussi au sein du cercle restreint de la direction du FPR. L’époque du consensus absolu est révolue. Celle du suivisme des membres de l’élite est également révolue. Je ne doute pas que tout le monde veut du changement, y compris celui qui a surpris le monde en assignant aux trois honorables la tâche de préparer la transition. Et, qui dit changement exclut le statu quo. Le peuple rwandais a soif du changement, tant de l’équipe sur le terrain que des règles du jeu. [if !supportLineBreakNewLine] [endif]

L’élite intellectuelle du FPR représentée par le trio MUKARU [Mugesera-Karemera-Rutaremara] ne restera pas indifférente à ce scénario qui, inéluctablement, donnera lieu à la détermination des fils dignes de la Nation. Si changer l’équipe « qui gagne » n’est pas leur affaire, ils savent pertinemment que les règles du jeu établies en 1994, appliquées en 2000, en 2003 et en 2010 sont complètement caduques. Voire, elles sont aliénantes. Il n’est toutefois jamais trop tard pour changer car la transition suggérée par le Président Kagame constitue une circonstance idéale de réparer tous les dégâts antérieurs. Notre Rwanda n’est pas voué au chaos, mon petit doigt optimiste me le dit. Notre élite peut, hélas, se vouer au diable en persistant dans l’erreur.

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