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AUJOURD'HUI LA POLITIQUE D'OUVERTURE S'AVÈRE INCONTOURNABLE

Diversité politique au Rwanda

Théoriquement, les démocraties modernes visent à protéger la liberté individuelle et à permettre l’exercice du pouvoir par la majorité. Cependant, jusqu’à présent presque partout en Afrique et plus particulièrement au Rwanda, la gouvernance démocratique suscite des interprétations diverses et des réactions contradictoires provoquant, parfois à des degrés divers, des situations conflictuelles.Même si la conciliation des principes contradictoires d’égalité et de liberté reste pratiquement irrémédiable, le dénominateur commun de toutes les formes de démocratie reste la garantie des droits politiques individuels. Aussi, pour que tous les citoyens aient la possibilité de participer de façon effective et équitable aux affaires publiques, il faut un cadre qui permette la compétition transparente et la lutte pacifique pour le pouvoir politique.


Tout bon observateur ne saurait nier que dans un pays où le niveau de politisation est bas et/ou le niveau d’aliénation idéologique est élevé, la démocratie polyarchique, c’est-à-dire celle qui est fondée sur le pluralisme politique, reste hypothétique. Au Rwanda, nous assistons précisément à ce qu’on pourrait appeler l’« hégémonie du pouvoir » caractérisée par la concentration des moyens d’accéder à la gestion des affaires publiques aux mains du FPR et qui a pour effet l’élimination de manière substantielle l’apport de la diversité "politique".


Quand bien même il existe formellement une Constitution au Rwanda qui garantit le jeu politique, en pratique le pluralisme compétitif reste déficitaire car les politiques considèrent la démocratie comme un simple jeu dont la principale règle est l’obtention de la majorité électorale par toutes les voies. Or, comme le confirment les spécialistes, le pluralisme compétitif devrait normalement favoriser la performance en permettant la confrontation des visions différentes, servir de moyen de valorisation des jeunes cadres en politique et être une source d’innovation permanente. On ne peut donc pas parler de bonne gouvernance démocratique au Rwanda dans la mesure où les tenants du pouvoir imposent leur idéologie par les pratiques directes ou indirectes pour bâillonner l’opinion publique et l’opposition démocratique, tel que le rapportent fréquemment les analystes indépendants.


Au Rwanda, la singularité du multipartisme contrôlé nous a appris que quand l’opposition ne parvient pas à faire entendre officiellement sa voix, à terme il se produit une fragmentation en paillettes de celle-ci basée sur des affinités ethniques, régionales, idéologiques et même religieuses. Et malheureusement, ces partis ou groupes exigent, de façon hétérogène, des conditions ambigües d’ouverture démocratique plutôt que revendiquer l’égalité de tous qui devrait constituer une plateforme commune pour la politique d’ouverture.


Aujourd’hui où le Rwanda a de très bonnes performances économiques, le partage du pouvoir peut s’opérer pacifiquement et progressivement. Il devrait se traduire par la volonté du consensus et du dépassement des clivages politiques dans un contexte bien compris de réconciliation nationale et de cohésion sociale. Cela demande que le chef de l’État qui symbolise l’unité des Rwandais se place au dessus des divisions partisanes. Et, à ce titre, qu’il s’impose comme rassembleur de la diversité ethnique et accepte d’endosser la responsabilité de tragédie rwandaise qui, effectivement, est considérée comme un crime du peuple Rwandais envers toute l’Humanité. Plus concrètement, il est souhaitable que le Chef de l’État initie au moins une ouverture politique à minima par la constitution d’un gouvernement d’union nationale qui comprendrait aussi bien des représentants de la mouvance présidentielle, de l’opposition démocratique et de la société civile.


Enfin, de même les Rwandais devraient alors œuvrer ensemble pour la véritable réconciliation et la paix durable à travers le dialogue, la vérité, et le pardon dont l’ultime objectif est de bâtir ensemble dans la concorde « Notre Rwanda ».


Victor Manege Gakoko

Analyste indépendant

Mémoire institutionnelle


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