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DÉMOCRATIE AU RALENTI AU RWANDA:
Couper les vivres... Et après?
[Huffington Post avec Le Monde]
Mais ce n'est pas parce que "le maître" lui, le fait, qu'il faut l'imiter de façon aussi arrogante, ai-je envie de dire à Paul Kagamé. Car fabriquer des vraies-fausses rébellions dans les Kivu en vue de contrôler en sous-main les ressources minières de cette région du Congo voisin est une chose; dire à la face du monde que je peux supprimer qui je veux quand je veux pour protéger mon fauteuil, en est une autre. Surtout lorsqu'on dirige un pays dont près des deux tiers du budget national proviennent de l'aide extérieure.
Au lendemain de cette sortie qui a dû prendre de court son ami et conseiller l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, Kagamé a eu droit à cette déclaration de la porte-parole du département d'État, Jen Psaki :["Nous sommes troublés par une succession de meurtres d'exilés rwandais importants, meurtres qui semblent avoir une motivation politique. Les déclarations récentes du président Kagame à propos "des conséquences pour ceux qui trahiraient le Rwanda", nous inquiètent au plus haut point".]
Dans la foulée, le parti travailliste britannique a enjoint le gouvernement Cameron à reconsidérer l'aide de la Grande-Bretagne au Rwanda, une aide qui se situerait à 110 millions d'euros l'an et qui avait déjà fait l'objet de restrictions en 2012 après que plusieurs rapports de l'Onu eurent épinglé le soutien de Kigali aux rebelles congolais du M23, mouvement composé de soldats tutsi inféodés au Rwanda.
Intouchable
La Grande-Bretagne où l'assassinat de Karegeya rappelle un fâcheux précédent. En 2011, le MI 5 par le truchement de Scotland Yard avait prévenu trois ressortissants rwandais en exil dans le royaume, dont l'ancien militant des droits de l'Homme René Mugenzi, que le régime de Kagamé menaçait directement leurs vies, évoquant "des moyens aussi bien conventionnels que non conventionnels", assurant au passage que les services de sécurité ne pouvaient garantir aux intéressés une protection optimale. Sans que cette situation pour le moins insolite ne donne lieu à la moindre protestation officielle de Londres vis-à-vis de Kigali. On s'étonne, après cela, que nul ne sache répondre à la question: "Qu'est-ce qui, diable, pourrait bien arrêter Paul Kagamé?"
Les raisons de l'indulgence dont profite Kagamé sont multiples, de l'amitié qu'il entretient avec des hommes d'influence comme Tony Blair et Warren Buffet au chantage politique dont il use et abuse auprès de la communauté internationale, coupable il est vrai, d'avoir assisté impuissante au génocide rwandais de 1994. Mais deux décennies après ce crime qu'il a su exploiter jusqu'à l'indécence, celui qui menace de continuer à liquider physiquement ceux qui lui résistent ferait bien de se souvenir de ceux qui l'ont précédé dans le coeur des grands de ce monde: le Shah d'Iran, Mobutu Sese Seko, Saddam Hussein, pour ne citer que ceux-là. M'étonnerait que l'ami Blair lui rappelle cela.-