ON A DIT TERRORISME...
… ALORS PARLONS AUSSI DU TERRORISME D'ÉTAT (Éclairage)
Le terrorisme d'État, selon WIKIPÉDIA, consiste en l'exercice illégitime par l'État de son monopole de la violence à partir du moment où cette violence est d'une part en contradiction avec le contrat décrit par Thomas Hobbes selon lequel l'individu accepte d'abdiquer une partie de sa liberté en échange de la protection de l'État et qu'elle ne vise pas au maintien, menacé, de l'État mais à un accroissement de ses prérogatives.
Le terrorisme d'État est donc un enjeu taxinomique puisqu'il met en cause non seulement l'image protectrice de l'État mais aussi la nature des rapports que l'État entretient avec la violence.Le terrorisme d'État est à l'origine une variante du terrorisme. Or, la notion même de « terrorisme » est issue de l'histoire révolutionnaire française et du régime de la Terreur. Comme le remarque Jean-François Gayraud, il y eut une expérience concrète avant qu'apparaisse le terme. Selon ses mots, il s'agit « d'une vaste machine politique » qui a organisé des assassinats et des exécutions, soutenue par le pouvoir judiciaire puisque le pouvoir politique avait voté des lois d'exception.
Terrorisme d'État et secret d'État
Par définition, le terrorisme d'État reste difficile à identifier puisqu'il relève du secret et que la difficulté tient à mettre en relation de façon formelle la perpétration des actes relevant du terrorisme et l'État qui en est le commanditaire. Ceci est compliqué par le rideau qui empêche de faire la distinction entre l'autorité qui a donné l'ordre et celui qui n'est pas au courant. Le concept reste souvent totalement tabou dans le cadre des relations diplomatiques entre deux pays.
Dans le traitement médiatique, les journalistes évitent également – par manque d'éléments de preuve – de procéder à une attribution en direction d'un État et préfèrent s'en tenir d'abord à la réserve. L'essayiste Webster G. Tarpley définit ainsi le terrorisme d'État moderne : « [il est] le moyen par lequel les oligarchies mènent contre les peuples une guerre clandestine qu'il serait politiquement impossible de mener ouvertement. »Dans ces conditions, rares sont les affaires où les États sont mis en cause au plus haut niveau de façon flagrante. En 1985, l'attentat du Rainbow Warrior, attribué à l'État français, sera retentissant dans le concert des nations puisqu'intervenant dans un contexte de paix et ciblant un pays démocratique sur son territoire.
La notion de terrorisme d'État peut également être utilisée dans le cadre d'une critique politique : c'est le cas pour Noam Chomsky qui considère les États-Unis comme menant une politique étrangère relevant du terrorisme d'État, écrivant notamment : « (...) il faut commencer par reconnaître que dans la majeure partie du monde, les États-Unis sont considérés comme un grand pays terroriste. ».Méthodes de terrorisme d'ÉtatLes tribunaux expéditifs, la torture, les explosions terroristes, le kidnapping et les exécutions hors-procès sont cités comme pratiques courantes de terrorisme d'État, souvent utilisées pour terroriser les populations par les régimes souverains ou mandataires.
John Rawlings Rees (1890-1969), psychiatre et directeur du Tavistock Institute of Medical Psychology à Londres en 1932, a développé une théorie de contrôle psychologique des masses fondée sur la formation délibérée de névroses. Selon lui, il était possible d'imposer à une population adulte un état émotionnel comparable à celui d'enfants névrosés.Kurt Lewin décrit l'impact des stratégies de terreur sur les individus : « L'alternance fréquente entre des mesures disciplinaires sévères et la promesse d'être bien traité, accompagnée d'informations contradictoires, interdit toute compréhension logique de la situation. L'individu ne peut dès lors décider si telle ou telle action va le rapprocher ou au contraire l'éloigner de ses propres objectifs. Dans ces conditions, même les individus les plus déterminés seront démobilisés par des conflits intérieurs qui paralyseront leur capacité d'action. »
Les citoyens des nations occidentales sont généralement protégés des procès injustes par des protections constitutionnelles ou législatives et les procédures judiciaires, bien que, par exemple, récemment aux États-Unis, ces protections auraient été écartées dans l'affaire Hamdi v. Rumsfeld en 2004. Les autres nations peuvent avoir des institutions plus faibles et des régimes instables qui permettent aux gouvernements d'avoir une influence plus importante sur le déroulement des procès.AssassinatsLes assassinats ou meurtres politiques ont lieu quand des agents de l'État tuent des citoyens jugés comme des menaces, ou pour intimider des communautés. Ils peuvent être réalisés par des militaires, les services de renseignement, les forces de polices ou des milices paramilitaires (type «escadrons de la mort»). Dans ce dernier cas, il peut y avoir des liens étroits entre eux et les forces officielles, avec des participations communes et/ou une absence de poursuites.Les cibles incluent typiquement les opposants politiques, les membres de la société civile, les activistes, les religieux, les journalistes et les universitaires. Ces escadrons protègent généralement leurs donneurs d'ordre par l'illusion d'une criminalité spontanée. Souvent, les corps sont dissimulés, augmentant la détresse des familles et des communautés. Ces cas sont connus sous le nom de «disparitions forcées», particulièrement en Amérique du Sud.
Terrorisme et manipulation
Le terrorisme d'État serait également la cause de la sclérose des sociétés puisqu'il permettrait d'étouffer les revendications du peuple en instillant un sentiment d'insécurité qui entraînerait une mobilisation de chacun derrière les gouvernements en place. Par ces actions terroristes, un état peut contrôler sa population : une population terrorisée par des attentats, attribués sciemment à des boucs émissaires, devient moins critique envers ses dirigeants politiques. Pour certains mouvements d'extrême-gauche, la médiatisation des attentats ou des risques d'attentats a pour effet de détourner l'attention de la population de certaines réalités économiques, sociales ou politiques.Le terrorisme d'État serait donc utilisé par les gouvernants pour justifier le renforcement de mesures de surveillance et de contrôle de la population, voire l'instauration de tribunaux d'exception.
Si les actions violentes de « mouvements de résistances armés » sont considérés comme légitimes dans une certaine rhétorique d'extrême-gauche, elles sont par contre condamnées lorsqu'elles sont attribuées au camp adverse, soit à l'extrême-droite ou à l'« État bourgeois ».