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LÉGITIMITÉ VERSUS CRÉDIBILITÉ POUR LA PRÉSIDENTIELLE 2017

Chemins croisés du FPR et de l’opposition


Par définition la légitimité repose sur une autorité fondée sur des bases juridiques ou sur des bases éthiques ou morales qui permettent de recevoir le consentement des membres d'un groupe. Quant à la crédibilité, Larousse précise : « Caractère de quelqu'un qui est digne de confiance. » De là la question : Est-ce que les partis politiques rwandais sont prêts à relever les grands défis juridique et éthique pour l’échéance électorale de la présidentielle 2017?


L’opposition s’organise tant bien que mal


Après un interminable cafouillage qui a vu naitre une pléthore de partis sans partisans dans la diaspora, deux partenariats se sont récemment forgés et se démarquent nettement des autres partis. Le Rwandan National Congress - RNC (composé des Forces démocratiques unies - FDU et Amahoro People’s Congress) et le Front commun de libération du Rwanda - FCLR (composé des Forces démocratiques de libération du Rwanda - FDLR, le Parti socialiste – PS Imberakuri et la Rwandan Dream Initiative – RDI-Rwanda Rwiza) ont pris leurs positions sur la grille de départ.

À défaut de former un autre conglomérat, les partis restants seront contraints de se joindre à ces deux alliances ou de simplement se dissoudre s’ils ne choisissent pas de s’établir au Rwanda. Le Green Party of Rwanda, l’unique parti enregistré au pays qui n’est pas dans la mouvance du parti dirigeant, est confortable sur les bases juridiques, tandis que les alliances qui évoluent à l’étranger sont déjà qualifiées de terroristes par le ministre de la Sécurité intérieure qui menace d’engager les procédures judiciaires.

Dans cette situation juridique délicate, l’opposition extérieure devra miser sur sa crédibilité, c’est-à-dire la confiance qu’elle peut inspirer aux citoyens rwandais et à la communauté internationale. Pour y arriver, de grands efforts et moyens devront être investis dans la diplomatie pour forcer le parti majoritaire au pouvoir à accepter l’ouverture politique envers l’opposition.Déjà, le ralliement massif et officiel de l’ensemble des partis de l’opposition autour des FDLR, alors que ces dernières viennent d’annoncer leur abandon des armes, pourrait mettre le régime de Kigali en difficultés de taille.

Ces partis peuvent, en quelque sorte, déconstruire carrément le vieux récit selon lequel les Hutu qui restent réfugiés dans les forêts du Congo sont des génocidaires.En effet, la présence de ces réfugiés a pour longtemps justifié l’invasion du Congo par l’armée rwandaise ou par des rébellions soutenues par le Rwanda. Cependant, la plus grosse erreur politique ou stratégique que l’opposition puisse commettre serait de menacer le pays militairement ou d’engager le FPR dans une autre guerre où il pourrait chasser les génocidaires réels ou catalogués comme tels.


Quid du FPR?


Notre gouvernement a été élu par le peuple. En 2003, puis en 2010. Il est légitime, n’est-ce pas ? En pole position, le FPR est confortablement en avance par rapport à tous les autres partis et alliances qui ont l’oeil sur 2017. Son immense fortune, les organes de sécurité sous son contrôle et un puissant lobby dans les puissances occidentales procurent au FPR une confiance en soi. Cependant, il a la confiance mais pas l’assurance pour une quelconque élection pluraliste. En effet, la légitimité du gouvernement FPR n’a cessé d’être remise en question par des pratiques antidémocratiques largement dénoncées dans différents rapports des organismes internationaux.

La persécution et l’assassinat des politiciens, des journalistes et autres activistes des droits et libertés qui font communément figure d’opposants, attribuables à tort ou à raison au gouvernement rwandais, les programmes perçus et critiqués comme divisionnistes et obscurantistes tels que « Ndi Umunyarwanda », ainsi que la dégradation des relations diplomatiques avec les pays amis et voisins sont, entre autres, les plus importantes raisons de la perte de crédibilité, tant parmi l’opinion nationale qu’internationale.

Il ne suffit donc pas d’être élu, il faut aussi consolider la crédibilité en gouvernant de façon démocratique et, de ce fait, répondre scrupuleusement aux attentes du citoyen pour conserver sa confiance. Toute injustice commise contre le citoyen constitue un outrage à la dignité humaine garantie par la Constitution, ce qui automatiquement remet en question la légitimité des gouvernants. Ainsi le FPR doit-il avoir bon dos chaque fois que les thuriféraires du régime se livrent aux excès, et s’attendre à ce que les abus de pouvoir risquent sans doute sonner le glas du parti qui a gagné la guerre et tient les rennes depuis 20 ans.

La politique de l’ouverture reste, tout compte fait, la seule sortie honorable pour le FPR.

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