RWANDA- RDC VERS DES GÉNOCIDES SANS PLANIFICATION ?
Le mois de février 2014 gaspille beaucoup de salives des amateurs de la justice internationale : Arusha clôture le procès des généraux tandis que Paris ouvre celui d’un capitaine. La Haye ouvre l’affaire d’un rebelle congolais mais qui préfère se défendre en une langue rwandaise, alors que Kigali accélère celle d’un fugitif kidnappé en Ouganda. Et comme cela ne suffit pas, la communauté internationale annonce vouloir déballer le problème du rapport Mapping en RDC. De quoi nourrir un débat.
Le Tribunal Pénal International pour les crimes de génocide commis contre les Tutsis au Rwanda entre 1990 et 1994 (TPIR) a acquitté mardi 11 février l'ex-chef d'état-major de la gendarmerie rwandaise, le général Augustin Ndindiliyimana. Le tribunal a aussi trouvé innocent, l'ex-commandant du Bataillon de reconnaissance, le major François-Xavier Nzuwonemeye, qui avait écopé de 20 ans en première instance. Ces acquittements et la minimisation du rôle des chansons de Simon Bikindi laisse perplexes les autorités de Kigali et l’Organisation des Nations Unies(ONU) qui se voient contredites quant à la planification, élément pourtant-clé pour tout génocide.
Cette matière est alors attendue au tribunal de grande instance de Paris où s’est ouvert, début de ce mois, le procès symbolique du capitaine Simbikangwa , ex-officier en charge de la sécurité secrète des forces armées rwandaises. Sa comparution devant une cour d'assises apparait comme une victoire pour les associations parties civiles et le gouvernement rwandais, même si l’accusé nie les faits et minimise sa puissance au cours des crimes. Ses accusateurs entendent prouver au monde entier son rôle planificateur et la complicité de la France. Ils affirment que ce capitaine faisait partie du cercle restreint(akazu) qui aurait planifié le génocide contre les Tutsis , un cercle que renient tous les opposants du régime, y compris ceux qui ont subi ces massacres comme Faustin Twagiramungu, ancien premier ministre rwandais et les nouveaux renégats.
À Kigali, ces challengeurs sont qualifiés de traitres, ennemis de l’unité et du développement qui méritent le châtiment suprême. L’un des procès qui les visent continue à travers le lieutenant Joël Mutabazi, ex-membre de la garde rapprochée du chef de l’état. Celui-ci fait la sourde oreille à toutes les questions des juges, affirmant qu’il trouve inutile sa défense car selon lui il a été condamné d’avance : « Si personne n’est au courant des circonstances dans lesquelles j’ai été déporté de l’Ouganda et comment la loi a été ignorée dans ce processus, je ne peux pas croire qu’il y puisse y avoir d’autres lois dans ce pays pour garantir mon innocence », a-t-il clamé. Alors que les âmes avisées voient dans ses procès un échange de messages sur la planification ou non du génocide commis au Rwanda, l’ambassadeur itinérant des États-Unis pour les crimes de guerre, Stephen Rapp, vient d’y ajouter du levain en plaidant à Goma pour la création d’un tribunal spécialisé pour la RDC qui pourrait entre autres poursuivre des chefs d’état cités dans le Rapport Mapping!
Il est à rappeler que le rapport Mapping de l’ONU, répertorie 617 incidents violents dont certains risquent d’être appelés « Génocide contre les Hutus Rwandais et les Congolais de 1993 à 2003 ». Parmi les personnes citées figure le général Rwandais ou Rwandophone du nom de Bosco Ntaganda, surnommé « Terminator » et dont l’audition a été entamée sur le fond à La Haye, au Pays Bas.Ceux qui nient la dimension génocidaire des massacres en RDC avancent l’idée qu’ils n’auraient pas été planifiés par aucun gouvernement. L’ONU progresserait-elle vers des génocides sans planification ni visées génétiques ? Signalons enfin que le TPIR avait pour mission de juger mais aussi de comprendre les mécanismes du génocide et faire mémoire ; une mission qui pourrait être donnée au Tribunal pour la RDC.
Pour certains, Arusha n’a pas été un grand succès, mais il a le mérite d’avoir établi judiciairement le génocide. Il est en outre accusé d’avoir eu peur de toucher à certains soupçonnés de participation dans le génocide: il y a eu les procès de militaires, celui des membres du gouvernement, celui des médias qu’on a appelés de la haine mais il a eu peur de fouiner dans les poubelles du FPR.
Madame Carla del Ponte qui a tenté d’ouvrir les fichiers de l’ex-rébellion aujourd’hui au pouvoir s’est vue montrer la porte sans autre forme de cérémonie.-