COMMÉMORATION DE LA JOURNÉE DES HÉROS : UNE MASCARADE QUI DISTRAIT LA GALÈRE !
Malheur à vous (…) parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes et ornez les sépulcres des justes et que vous dites : Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes. Vous témoignez ainsi contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes. Comblez donc la mesure de vos pères. (Jésus Christ cité par Matthieu 23, 29-32).
Le premier février 2014 était journée des héros au Rwanda. Mais, à part quelques émissions radiophoniques, la cérémonie n’a été que de courte durée et sans impact. Date qui ne rime à rien dans l’histoire de la nation. Commissions aux aptitudes scientifiques douteuses. Listes qui changent selon les régimes. Catégorisation au vocabulaire confus et mémoire collective simpliste…
Autant d’observations qui méritent un questionnement au lendemain de cette commémoration de façade.Ailleurs, la mémoire pour les héros est perpétuée pour sensibiliser les moins vieux au patriotisme et aux valeurs universelles de paix, de justice, d’égalité ou de développement. En bénéficie celui qui a accompli un acte hors du commun. C’est aussi un instrument de promotion du tourisme. Ainsi la dénomination de l’avenue « George Washington », l’érection de la statue d’Einstein, ou l’exposition des photos des chefs d’états Burundais sur la place publique de la capitale pour n’en citer que ces seuls exemples, deviennent des symboles inoubliables qui appellent la nation au respect mutuel et à la tolérance.
Au Rwanda, chaque régime s’acharne pour effacer la mémoire collective construite par ses prédécesseurs, la dernière en date étant la profanation du mémorial du premier président républicain Dominique Mbonyumutwa et l’insulte aux pères de l’abolition de la monarchie par leurs propres fils !Le problème se pose déjà à la case de départ : Le conclave qui sanctifie les saints Rwandais est composé des membres de familles qualifiées de lâches et de ceux qui les accusent de lâcheté. Présidé par un ancien patron des services de renseignement du régime déchu, Dr Augustin Iyamuremye, et qui n’a pas encore offert à son beau père Theodore Sindikubwabo une sépulture digne, avant d’en offrir aux autres, y siègent entre autres Madame Solange Mukasonga qui demande pardon pour le livre « Les derniers rois mauches » dénigrant les Tutsis écrit par son frère Dr. Anastase Gasana ainsi que les ténors du régime Tom Ndahiro et le General-Major Jacques Musemakweli!
Alors il y a lieu de douter sur l’esprit de liberté, de neutralité, d’objectivité et de recul d’une telle équipe. En plus de ne pas être scientifique, elle n’est pas représentative : Les Batwa, comme d’habitude, ont été mis de côté. Enfin, elle ne puise que dans l’histoire de la dynastie Nyiginya ainsi que dans la guerre de 1990 et ses conséquences comme le génocide tout en faisant fi de l’histoire des autres composantes de la société rwandaise tel que le Bugesera, Gisaka, Nduga, Kinyaga, l’Umurera… ou les autres sciences. Ainsi à part les anciens élèves de l’école secondaire de Nyange morts pour avoir refusé de se séparer sur la base phénotypique, mais dont les bourreaux ont été intégrés dans l’armée sans être jugés, tous les autres étaient en position d’accomplir leur devoir.
Ce qui dilue le caractère héroïque de leurs actes : il s’agit de Fred Rwigema, un général refugié qui facilite ses compatriotes à rentrer au bercail, Mutara Rudahigwa, un roi qui proclame l’affranchissement d’une partie de son peuple, Michel Rwagasana, le secrétaire du roi Rudahigwa, Madame Agathe Uwilingiyimana, Première ministre qui a enseigné l’égalité, Madame Félicité Niyitegeka, une femme qui préfère mourir avec ses compagnons ciblés par l’armée au sein de laquelle son frère est officier supérieur, et enfin un soldat inconnu. Ce raisonnement n’est pas à minimiser la bravoure de chacun ci-haut cité, mais plutôt de démontrer qu’il est facile pour un opposant de les défier et proposer d’autres noms tels l’abbé Vjeko Curic qui a sauvé une multitude de Tutsis à Kabgayi dans le sud du pays au cours du génocide de 1994, un certain Gisimba dont on dit qu’il a protégé plus de quatre cents enfants et adultes dans son orphelinat à Nyamirambo dans la ville de Kigali ou encore celui qui a pu tuer le même Fred Rwigema au premier jour de son incursion au Rwanda alors que celui-ci s’était illustré en Uganda comme au Mozambique. Un certain Rukara fils de Bishingwe est aussi connu dans la région du nord. D’autres parleront de Ryangombe, Ruganzu, les rois Kimenyi, la prophétesse Nyabingi, l’écrivain Alexis Kagame, le chanteur Sebatunzi, la poétesse Nyirarumaga, une certaine Robwa etc. Que dire des femmes Tutsies qui ont accepté de mourir à côté de leurs maris hutus dans les camps de la RDC (ancien Zaire) alors que leurs frères criaient victoire à Kigali ?
La notion de héros national est franchement compliquée au Rwanda.Il en découle que cette liste exhaustive ne fera jamais unanimité car chaque composante de la société rwandaise a ses propres héros à respecter. Ainsi une commission ad hoc devrait être issue des échanges sincères entre toutes les composantes de la société.Tels les monuments rappelant l’atrocité du génocide et la beauté des gorilles tels devaient être les évènements, statues et plazzas rappelant la bravoure des héros des uns et des autres.
Les membres de familles devraient bénéficier du respect et des avantages liés à cette reconnaissance et les fêtes cesseraient d’être un masque des vainqueurs.-