LA REAL POLITIQUE DE L’AFRIQUE
Le nouvel Ordre mondial-L’effondrement du Mur de Berlin, comme certains lepensaient, à la fin des années 1980 allait modifiersensiblement des relations internationales qui étaientjusque-là bipolaires. La problématique de l'enracinementet de l'implantation de la démocratie était au coeur detoutes les réflexions sur l'avenir de nombreux paysclassés sous rubrique de pays du « tiers monde » ou « envoie de développement ».
Le nouvel Le nouvel ordre mondial semblait donner une lueur d’espoirpour le devenir de ce bloc, en l’occurrence le continent africain, enmatière de « bonne gouvernance ». Il s’ouvrait une nouvelle ère, unenouvelle perspective de la géopolitique. Lors du fameux discours deLa Baule, en 1990, François MITTERRAND posait des conditionnalitésà l’octroi des aides à ces pays dits « tiers monde » ou « en voie dedéveloppement », en l’occurrence de l’Afrique.
Néanmoins, vingt-trois ans après le sommet de La Baule, la « bonnegouvernance » en Afrique reste encore aujourd’hui une simpleeffigie : On gaspille et s’accapare des biens communs. On manipule et on truque des élections. On proclame la victoire d’un tyran,dictateur, totalitariste etc. sans qu’une moindre voix s’élève contre.Les leaders politiques – tant ceux de l’opposition que ceux du régimeau pouvoir – ne font que saper le processus démocratique afind’assouvir leurs ambitions personnelles.
Le discours de La Baule allait être le catalyseur de l’ouverturedémocratique de certains régimes africains à partis uniques alors qued’autres s’accommodaient et s’accommodent encore jusque mêmeaujourd’hui, avec hypocrisie, aux nouvelles donnes géopolitiques.Des Conférences nationales se sont tenu dans la quasi-totalité despays africains permettant ainsi à l’émergence de multipartisme dansla vie politique et à l’affaiblissement des régimes qu’on croyait,jusque-là, inébranlables.
Mais ce processus n’a pas fait long feu car le système néocolonialiste demeure toujours coriace et ne permet pasun véritable changement démocratique. À cela s’ajoute également lepoids des traditions ancestrales, dans la logique desquelles lesnotions de « gouvernance » et de « démocratie » n’ont pas fécondé.Tel est aussi le constat du chanteur ivoirien, Alpha Blondy , qui relèvele fait que le continent africain vit depuis quelques années dans unesituation qu’on qualifierait de marasme socio-économique c’est-à-direun état pathologique caractérisé par une érosion progressive desvaleurs, une atrophie des ressources humaines et économiques.
Depuis le XIXème siècle, l’Afrique est sous perfusion d’un pouvoirimpérialiste occidental. «Malgré les richesses agricoles, minières etminéralières, nous sommes, chante-t-il, victimes de l’endettement àcroissance exponentielle et baignons dans l’économie sousperfusion, c’est la mondialisation à sens unique avec la pensée d’unseul maître à penser ». Tel est le défi auquel l’Afrique s’affronteactuellement et doit relever avec ce que la mondialisation imposecomme exigence et ce que la globalisation impose commeconformité.L’Afrique y parviendra-t-elle ? L’avenir nous le dira !
Il reste à savoirquel est le modèle de gouvernance parmi les trois ci-après identifiéespar Pierre et Peters elle choisira : « celui de la réaffirmation ducontrôle de l’État par la création d’interdépendances positives, celuide l’instauration de nouveaux régimes internationaux et locaux etcelui du « communautarisme », c’est-à-dire de la délibération et de ladémocratie directe. Dans ce cas, le dernier, la gouvernance seraitperçue comme une façon de défier le « big government » et derendre le pouvoir au peuple 1.
-1Guy Hermet, Ali Kazancigil et Jean-François Prud’homme (dir.),« La gouvernance : un concept et ses applications ».
Tharcisse Semana