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LE VOLTEFACE D'ÉVODE UWIZEYIMANA ET LE DESSOUS DES CARTES DE LA DÉMOCRATIE RWANDAISE

L'énigme de l'intellectuel rwandais



Le 23 février 2014, monsieur Evode Uwizeyimana convoquait une conférence de presse à Nyandungu (une dizaine de kilomètre du centre ville de Kigali). Il devient ainsi un des rares rwandais qui rassemblent des journalistes en conférence après leur retour au bercail. Le précédent et non moins remarqué était Pierre-Célestin Rwigema, l’ancien Premier ministre qui, comme le juriste Évode, avait l’habitude d’attaquer le régime de Kigali depuis son exil aux États-Unis.


Devant les journalistes, M. Uwizeyimana qui dès son retour s’est vite fait embaucher comme consultant par le gouvernement s’en est pris avec véhémence à l’opposition dont il était membre jusque très récemment, qualifiant de « boutiques en voie de faillite » les partis politiques auxquels il a adhéré lorsqu’il était encore au Canada. L’intéressé reconnaît avoir tenu des propos insensés à l’égard du gouvernement et du chef de l’État et se défend comme ayant été à la solde des opposants qui le payaient pour ses services.


Des réactions ont été nombreuses au sujet de la décision d’Évode Uwizeyimana de rentrer au Rwanda, réactions mêlées de surprise d’une part et de colère d’autre part au sein d’une opposition qui ne cesse de s’effriter. Le juriste a indiqué au cours de la conférence de presse qu’il ne voit aucun avenir pour cette opposition, ainsi à son âge il a jugé mieux de servir son pays que de le combattre désespérément. De leur côté, les détracteurs de M. Uwizeyimana le qualifient d’opportuniste inconscient et inconséquent.


Même si ce juriste Rwando-Canadien affirme être rentré au bercail sur un contrat de consultance de six mois avec le ministère rwandais de la Justice, il est à rappeler que c’est ce même Évode qui avait flirté avec feue Aloysie Inyumba du FPR avant de quitter avec fracas, en 2012, le parti RDI-Rwanda Rwiza de Faustin Twagiramungu dont il était membre. M. Twagiramungu avait accusé Évode de trahison et ce dernier avait rétorqué en qualifiant le vieux politicien de « petit dictateur ».


Vu la mauvaise posture de l’opposition présentement, on peut conclure que M. Uwizeyimana n’est pas le dernier à effectuer un tel « U-turn », par sagesse ou par lâcheté, c'est selon, la question qui reste étant de savoir en quoi de telles reconversions spectaculaires avancent le peuple rwandais assoiffé de démocratie. L’initiative ou le jeu de M. Uwizeyimana et consorts caractérise l’aspect ethnique toujours persistant mais combien occulté dans les débats entre les protagonistes hutu et tutsi.


« Je te vaincrai par mes Hutu (PARMEHUTU) » versus « Je te vaincrai par tes Hutu (FPR) ». Naguère comme aujourd’hui, les deux camps ne veulent pas mener un dialogue franc dit « Gusasa inzobe » en Kinyarwanda ou se vider le coeur. D’une part, on se trouve devant une idéologie qui laisse sous-entendre que le grand nombre des Hutus y est toujours pour quelque chose, ces derniers croyant que le pouvoir doit leur revenir d’office, tandis que d’autre part les Tutsi se contentent d’avoir dans leurs rangs des figurants hutu zélés dont le rôle est de casser les arguments de leurs congénères.


Extrêmement frustrés, les intellectuels croisent les bras ou enfoncent la tête dans le sable (font l’autruche), tandis que la communauté internationale parie sur le futur vainqueur au lieu de prévenir un nouveau choc, si lointain paraisse-t-il !

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