"POLITIKE MURATUBESHYA"
Un artiste musicien rwandais s'en prend aux politiciens
Par Françoise Muganashuri, Etats-Unis
Pour lui, les artistes peuvent réussir là où les politiciens ont échoué car, ces premiers disent des prophéties tandis que les politiciens ne profèrent que des mensonges. Les artistes produisent des chansons qui sont éternels tandis que le discours politique change selon des circonstances.
David Diyen est un musicien rwandais vivant aux Etats-Unis. Dans une série de chansons qu’il disait apolitiques il vient d’accepter aujourd’hui qu’il trouve nécessaire de sortir des messages engagés. Dans sa nouvelle chanson « Politike muratubeshya » produite chez Lucky Luck, David Diyen s’en prend aux politiciens rwandais qui galvanisent le bas peuple pour véhiculer leurs idées et quand l’affaire tourne mal, prennent l’avion vers les pays lointains, laissant ainsi leurs électeurs dans le pétrin.
Dans une interview qu’il nous a accordée sur téléphone et dans un communiqué de presse qu’il a lui-même rendu public, David Diyen demande aux jeunes de ne pas gober cru tout ce que leur racontent les politiciens de l’intérieur comme de l’extérieur, car à la longue ce sont eux qui vont souffrir à la place des politiciens. Le musicien Rwandais originaire de Cyangugu, David Diyen est connu dans ses chansons « The One, Basketball, Partylala etc. Il affirme qu’il ne chante que pour s’amuser et livrer ses messages et non à des fins commerciales.I l en appelle aussi aux artistes rwandais de sauver la démocratie et la liberté d’expression au Rwanda, vu que les politiciens et la société civile semblent avoir échoué.
Pour David Diyen, seuls les artistes peuvent libérer leur cœur et lancer leur message à quiconque, que ce destinataire le veuille ou non. À la lumière de cet appel, l’on se rappellera du rôle que les chansons de Simon Bikindi ont joué avant et pendant le génocide commis contre les Tutsis et les Hutus modérés au Rwanda, mais aussi les exemples positifs sont légion !
Nul ne peut douter qu’en Afrique du Sud, le musicien Lucky Dube ou encore Johnnie Clegg pouvaient réunir plus de spectateurs que le champion de l’unité Nelson Mandela, notamment dans les chansons comme « Together as One » (Ensemble comme un seul homme), « One people, Différent Colors » (Différentes couleurs mais un seul peuple) ou encore « Respect ». En Côte d’Ivoire, deux géants du reggae lancent toujours des messages pacificateurs, unificateurs ou encore qui appellent les dirigeants africains à se réveiller. Il s’agit d’Alpha Blondy notamment dans « Les Hypocrites », « Les ennemis de l’Afrique », « Armée française » « Ferme ta gueule » etc.…et Tikken Jah Fakolly dans entre autres « Mon pays va mal », « Ils ont partagé le monde », « la Franc’ Afrique » pour ne citer que celles-là.
Il est à rappeler ici que lorsque tout le monde se tait, la communauté internationale croit que les mensonges politiques sont vrais et croisent les bras ! Les Rwandais sont alors en droit de demander des comptes à leurs Masabo Nyangezi, Jean Baptiste Byumvuhore, Ben Rutabana, Ben Kayiranga ou encore Cécile Kayirebwa etc. La liste est très loin d’être exhaustive.
Oui, ils diront qu’ils n’ont jamais arrêté de chanter la paix, l’unité et les droits humains mais leur travail leur suffit-il ? Lorsqu’ils étaient à l’intérieur, certains d’entre eux ne pouvaient pas donner leur message comme ils le voulaient de peur de courir des harcèlements politiques mais aujourd’hui ils semblent être plus libres, mais leur voix n’est pas aussi vive que ne le souhaitent les Rwandais.
Cet appel va de paire aux journalistes rwandais vivant à l’extérieur. Si quelqu'un affirme qu’ils ont un champs vaste par rapport à ceux qui sont à l’intérieur du pays pour dénoncer les bourreaux des droits fondamentaux humains mais que le fruit du travail accompli ne vaut pas leur sueur, il ne serait pas trop en erreur.
Alors, l’appel de David Diyen trouvera-t-il un écho ?