COMMÉMORATION DU GÉNOCIDE DES TUTSI
Le ping-pong de chantage énerve la France
Paris n’a pas envoyé sa délégation à Kigali à l’occasion de la 20e commémoration du génocide des Tutsi du Rwanda. La décision d’annuler le voyage de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, a été prise à la dernière minute suite à une entrevue accordée par Paul Kagame à Jeune Afriqueau cours de laquelle le président rwandais accuse de nouveau la France d’avoir trempé dans le génocide.
C’est désormais l'ambassadeur de France au Rwanda qui représentera son pays aux cérémonies de ce lundi 7 avril 2014. Les accusations de M. Kagame ont choqué l’ancien ministre sous Mittérand, Alain Juppé, qui a demandé au président François Hollande de défendre l’honneur de la France. Il a dit que les accusations du président rwandais ne sont pas favorables au rapprochement. De leur côté, les jeunes du Parti socialiste demandent à ce que toute la lumière soit faite sur les tensions entre les deux pays engagés dans un ping-pong de chantages depuis 20 ans.
Au cours d’un colloque tenu dans le Sénat français le 1 avril 2014, près d’une dizaine de conférenciers ont défilé sur le podium pour essentiellement mettre en cause le président Kagame dans plusieurs mauvais coups, y compris l’attentat contre l’avion de son prédécesseur Juvénal Habyarimana.
Que dire de cet incident diplomatique?
Qui n'aimerait pas voir les rapports humains toujours fraternels, cordiaux et paisibles? Malheureusement, l'histoire du Rwanda contient aussi cette page tragique et indigne de l'homme. Il faut enterrer la hache de guerre, de vengeance et de haine comme l'avaient fait le président français Valéry Giscard d'Estaing et le chancelier allemand Helmut Schmidt (les relations étaient difficiles après la 2ème guerre mondiale et la Shoah "génocide des Juifs"). Chacun de ces deux personnalités a fait un pas, l'un vers l'autre. Ils ont mis fin au fameux mythe des "ennemis héréditaires".
L'écoute de l'autre, une bonne vision pour un meilleur avenir, éviter de léguer aux générations futures des conflits non résolus et dont elles ne sont pas responsables; voilà tout ce que l'on attend de nos hommes politiques. Tirer la couverture sur soi-même, est-ce un acte de bravoure pour un chef d’État?
La démonstration de forces, les accusations mutuelles qui ne conduisent pas à une solution définitive, c'est un spectacle qui n'est peut-être pas du bon goût aux citoyens de deux nations. En tous cas l’heure n’est pas à l’apaisement.