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L'ÉNIGME KIZITO

Par Ismaïl Mbonigaba

Unanimement louangé comme apôtre de la paix et de la réconciliation, lui-même s’estimant chouchou de la famille présidentielle, c’était la veille de la composition d’une chanson qui aura brusquement réveillé tous les soupçons sur l’artiste Kizito Mihigo, aujourd’hui au centre d’un procès pour complot visant l’assassinat du président Kagame.


Nombreux sont ceux qui se disent sceptiques quant à la confession du musicien Kizito qui, sans broncher, a plaidé coupable ce lundi 21 avril 2014 lors de sa comparution initiale au tribunal de Kacyiru où lui et ses trois co-accusés font face à plusieurs chefs d’accusation dont terrorisme, atteinte à la sécurité de l’État, association de malfaiteurs et complot contre le Chef de l'état. Kizito Mihigo est entendu dans un enregistrement audio d’une trentaine de minutes, probablement issu des services de sécurité, dans lequel il livre au cours d’un interrogatoire les détails de sa correspondance avec les organisations qualifiées d'ennemies du pays par le régime de Kigali via Skype et Whatsup. Ces dernières comprennent notamment le Rwandan National Congress (RNC) créé en exil par les transfuges du Front patriotique rwandais (FPR) et anciens collaborateurs du président Kagame, ainsi que les rebelles hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) vivant depuis 1994 dans les forêts de la République démocratique du Congo (RDC).


Lors de sa seconde comparution ce jeudi 24 avril 2014, M. Mihigo a indiqué qu’il n’avait eu aucune intention de nuire ni à la nation ni au chef de l’État. Le musicien avait précédemment avoué dans l’enregistrement avoir été sous l’impulsion du mécontentement quand il a flirté avec les présumés ennemis du pays suite à des frustrations générées par l’injustice qu’il souffrait de la part de certains individus et institutions gardés anonymes.


Incriminées dans l’Affaire Kizito, les formations politiques RNC et les FDLR dénoncent les manœuvres du régime de Kigali qui ne viseraient que de les discréditer ainsi que l’entière opposition. Nombreuses voix plaident en faveur de Kizito Mihigo afin qu’il poursuive sa noble mission de réconcilier les Rwandais.


La majorité croit que ce musicien virtuose est tombé en disgrâce suite à la chanson « Igisobanuro cy’Urupfu » (La Signification de la Mort) composée à l’approche de la 20e Commémoration du Génocide des Tutsis et dont certains couplets évoquent les victimes de la vengeance.


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