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QUELLE ÉDUCATION FAUT-IL DONNER À L'ENFANT RWANDAIS ?

Par François Xavier Nzabamwita

L'amer constat que l'on établit en observant le Rwanda est que ce pays va très mal : des cerveaux ruinés par des haines ethniques et politiques, des générations de perdus, de fatalistes, de pervers narcissiques… Une révolution est plus que nécessaire.


Avant de se questionner sur l’éducation à donner à nos enfants, il faut plutôt se demander quel genre d’éducateurs nous sommes pour dispenser cette matière. Mais puisque nos enfants ont besoin d'une orientation, d'une identité, du patriotisme, d'une éducation civique et disciplinaire, nous sommes tout de même appelés à assumer, malgré-nous, notre rôle de parents et d'éducateurs. Une jeune femme de 26 ans, Christelle Manege, dans son article intitulé 'Nos aînés doivent faire la paix avec le passé' paru récemment dans Rwanda –Géopolitique, nous interpelle au nom de la génération d'après le génocide, un jugement amer mais objectif.


Il est vrai qu'il est difficile de faire la paix avec notre passé, vu notre histoire qui nous a tant blessés, mais notre rôle d'éducateur nous exige des sacrifices, des concessions, des défis. Promettons à notre jeunesse que nous allons le faire et nous trouverons ensuite les moyens d'y arriver. La première démarche est de vaincre les maux qui rongent notre esprit, qui nous poussent à détruire, à s'autodétruire, à exclure, à narguer, mais surtout à se résigner. Nous ne sommes pas encore vaincus, mettons-nous y donc.


L'éducation civique que j'ai reçue à l'école primaire me disait d'aimer mon pays, le Rwanda. Heureusement ce pays existe encore et restera jusqu'à la fin des temps. J'ai appris son histoire, sa politique et sa géopolitique, le savoir-vivre à la rwandaise, les emblèmes et totems qui définissent mon identité (hymne, drapeau), je connaissais d'où je venais et cherchais mon chemin pour l'avenir. Actuellement je n'ai plus de repères, le génocide et l'histoire qu'il a générée ont tout emporté. Que voulez-vous que j'enseigne à Christelle ? Et si Christelle a déjà participé à l’Ingando ou Itorero, ces programmes du gouvernement dont la finalité est seulement le lavage de cerveau, il est clair que ma tâche sera plus difficile. Si elle a grandi dans la jungle équatoriale du Congo, la tâche sera plus compliquée. Ceci n'est pas un conflit de générations, mais une compétition dans la perdition. On s'accuse mutuellement, chers jeunes qui nous appelez à faire la paix avec notre passé, mais c'est la faute à personne, nous avons tous subi, nos différentes générations sont chaque fois auteurs et victimes. Mais j'endosse désormais mon rôle de parent et d'aîné, je vais vous aider à trouver une éducation civique appropriée.


Voici la démarche à suivre :


  • Trouver des repères :


Nous ne pouvons trouver nos repères que dans notre histoire. Puisque le grand- père n'est pas là contentez-vous des documents d'histoire existants, issus des recherches de nos compatriotes rwandais et des chercheurs colons et étrangers. Lisez-les mais munissez-vous des techniques de critique historique à savoir la critique des sources, la critique de l'authenticité et surtout la personnalité de l'auteur. Certains auteurs des manuels d'histoire ont biaisé leurs documents pour satisfaire des politiques. Le gouvernement actuel au Rwanda a la même intention de réécrire notre histoire. Si comme l'a dit récemment le Président Kagame « les faits sont têtus », que vise cette démarche ?


  • Trouver son identité :


Vous êtes des Rwandais, d'Afrique (centrale ou orientale c'est à vous de définir). Vous êtes issus de la race noire et vous parlez la langue bantoue. Les divisions que nous avons créées pour nos propres intérêts ne sont que des détails. Munissez-vous des démarches scientifiques pour vous définir car les théories des origines des Rwandais tels que consignées dans des manuels d'histoire ne sont que des suppositions. Les Hutus seraient venus du Tchad et les Tutsis de l’Ethiopie ! Cette théorie est une pure élucubration du Colon au service de son diviser- pour- régner, étayée par les régimes dictatoriales. Quelle utilité serait par exemple de savoir que l'on vient du Tchad ou d'Ethiopie si on

n'a plus de place là-bas ?


  • Retrouver ses valeurs :


La famille est la base de la communauté rwandaise, vous en faites partie. Participez à la recherche du consensus des valeurs et bonnes mœurs en fondant sur la morale universelle qui n'enseigne que faire le bien et fustiger le mal. Cette démarche vous servira de garde-fou, vous ne tomberez pas dans des crimes comme le génocide. Mais il existe pour un pays un socle, c'est le respect des lois. Débattez-vous pour obtenir un État de droit au Rwanda.


  • Soyez libres :


La liberté ne s'acquiert pas, elle s'arrache. Si nous, en tant que vos aînés, cherchons à vous enfermer dans notre passé et vous faisons subir le résultat de notre œuvre de destruction, libérez-vous. Prenez votre destin en main, faites- nous la guerre, nos cerveaux sont tellement rouillés que cela vous sera facile de nous détruire. Dans le cas contraire notre rouille vous contaminera. Vous êtes l'avenir du Rwanda, n'attendez pas sinon vous hériterez d’une pourriture. L'avenir vous donnera raison si vous vous y mettez dès à présent, dans le cas contraire l'histoire vous condamnera comme elle nous condamne à présent. N'est-ce pas la jeunesse qui, par sa force armée maintient les dictatures en place ? N'est-ce pas la jeunesse qui constitue des milices qui assujettissent la population ? Il ne suffit pas de rejeter la faute aux aînés pour être blanchis chers jeunes, on pèche aussi par omission.





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