Rwanda : Le président a-t-il besoin de bons collaborateurs ou de courtisans ?
Par Faustin Kabanza
C’est une question de choix. Une chose est sûre, les deux fonctions ne sont absolument pas les mêmes en termes de missions, de formation et de compétence. Un collaborateur est une personne qui travaille de concert avec une ou plusieurs autres pour une œuvre commune, par exemple dans le cadre d’une entreprise ou plus largement dans la direction du pays. Un collaborateur peut donc être un employé ou un associé régi par un cadre légal, ayant une mission officielle et les conditions de travails définies par la loi.
Un courtisan est, selon le dictionnaire La rousse, « Celui qui cherche à plaire par la flatterie, qui essaie de gagner la faveur de quelqu'un de puissant en faisant sa cour».
Un courtisan n’a donc d’autres missions que de plaire. Même s’il a été formé pour un métier officiel, cela n’a plus d’importance. La seule compétence qui compte chez lui, c’est la flatterie. Celle-ci passe par la culture du mensonge, de l’intrigue et de l’exaltation du maître. Un courtisan cherche toujours à montrer à son maître qu’il est à la fois son soumis et son protecteur, qu’il sait détecter tous les dangers et qu’il est capable d’anticiper.
Un courtisan est quelqu’un de très habile. Il sait créer des situations de terreur et des mécanismes d’en sortir en trompant la vigilance de son maître. Ce dernier ne se rend pas compte de la manipulation de son courtisan qui fait semblant de lui rester fidèle au risque de sa vie.
Un courtisan à l’antipode du collaborateur
Un courtisan est quelqu’un de très égoïste. Il ne vise que ses propres intérêts. Même s’il peut risquer sa vie, c’est toujours pour les intérêts propres et non ceux du maître comme il le fait croire. L’exaltation est une bonne stratégie pour distraire le maître qui finit par tomber dans l’euphorie et dans l’enivrement, exécutant à la lettre et à tout-va tout ce qui est raconté par les courtisans les plus influents.
Les courtisans tout comme leur maitre n’ont pas assez de confiance en eux-mêmes. Ce sont des personnes dépendantes, ayant du mal à s’en sortir sans la présence de l’un ou de l’autre. Il existe, au fond, une sorte d’interdépendance entre le maître et les courtisans.
Le maître est le seul responsable !
Dans une entreprise ou dans d’autres fonctions officielles, les collaborateurs sont responsables de leurs actes. La promotion et la sanction sont à titre personnel en fonction du comportement et des résultats, au regard des objectifs assignés à chaque collaborateur. Ils ont la mission de promouvoir l’entreprise et non l’exaltation du patron. Ce dernier peut s’écrouler et être démis de ses fonctions sans que cela n’affecte l’entreprise ni les collaborateurs.
Dans un système courtisan, seul le maître est responsable de ses travers et ceux de ses courtisans. Ces invisibles agissent toujours sous couvert de la hiérarchie et en profitent justement pour faire n’importe quoi. Bien souvent, les courtisans sont dans la compétition et dans la jalousie. Ils sont à coup sûr déroutants et déstabilisants face surtout à un maitre hésitant, pas sûr de lui-même. Si un système est tenu par les courtisans, on aura bien entendu de plus en plus de courtisans qui veulent se manifester et gagner la faveur du maître. De là, on aura une recrudescence d’intrigues au sein du système, une auto-fragilisation et moins d’efficacité en terme de résultats.
Bref, dans un contexte actuel et pour le futur du Rwanda, mieux vaut s’entourer de bons collaborateurs et non de courtisans dont la mission est de nuire au lieu d’œuvrer pour le bien-être de toute la nation.