Le face à face des Rwandais avec leur propre histoire
3e partie- Rwanda, l’histoire s’écrit souvent sous la pression de l'actualité politique mise au goût du jour par le régime au pouvoir. Et, delà, se créent des « mémoires négatives » et concurrentes qui divisent la nation. Retour sur les événements dramatiques récents qui ont endeuillé le Rwanda, auxquels la vision ethnico-manichéiste plane.
Quand les « lois mémorielles » s'imposent...
Quand les « lois mémorielles » s'imposent dans le quotidien prétendant réguler la mémoire collective mais en réalité qui ne l'est pas, la « liberté pour l’histoire » en pâtit toujours. Tel est le cas pour ceux et celles qui manifestent le souci de recherche sur le "génocide" rwandais. La liberté d'expression et le droit d'opinion, en cette matière, se retrouvent sous le joug des ''lois mémorielles'', faites expressément par le régime au pouvoir pour protéger de toute attaque et couvrir ses propres crimes et d'autres exactions en matière par exemple des droits humains. Dans ce cadre là, la recherche historique et scientifique orientée vers les vœux et les goûts du régime au pouvoir est contre-productive voire donc contre-constructive du "vivre-ensemble" harmonieux des membres de la société.
Quand le rêve devient réalité
Dans mes rêves les plus profonds et sincères auxquels j'invite et associe tous les Rwandais, quel que soit leur ethnie, leur région, leur statut ou rang social, je continue à en croire encore et fermement qu'un jour au Rwanda il n'y aura plus de haine ni guerre; qu'il y aura de l'espoir contre le désespoir. Certains peuvent me dire, peut-être, que mon rêve est utopique ou même encore que le rêve est tout simplement l'inconscience des choses. Effectivement les rêves nous viennent du subconscient, répondrai-je. Mais alors..., l'homme normal peut-il vraiment s'en passer ou en décommander? Oui, je rêve et j'en suis conscient. Cela fait parti de mes droits - et de tes droits toi aussi - les plus absolus et respectables. Mieux encore de notre nature humaine. L'homme est un être de désir, dit-on. Et le désir est, comme l'affirme Spinoza (dans l'Ethique), l'essence de l'homme, l'effort par lequel chacun persévère dans son être. Sur ce, Nietzsche, lui, dira que la Vie même est volonté de puissance, désir d'expansion de soi.
Cependant, contrairement à ce que l'on pense souvent que le désir dans sa tendance à magnifier son objet ignore en partie la réalité puisque le sujet désirant revêt l'objet désiré selon ses propres désirs, mon désir n'est autre que celui de contribuer et appuyer la bonne volonté de ceux et celles qui s'investissent consciencieusement à défendre les libertés, le respect et la dignité de la vie, y compris celles de nos défunts, à servir honnêtement le pays, à entendre chaque cri et écouter les revendication des "sans-voix" et celles du peuple. Tel est mon vœux et mon rêve. Mon désir dont j'espère qu'un jour sera une réalité sociale au Rwanda est celui d'entendre un jour les nouvelles générations s'approprier les valeurs humaines et sociales rwandaises et se dire ensemble à la manière de Michel Kayoya: "comme tant d'autre, je voudrais devenir un homme, un homme de mon peuple, un homme avec mes frères, un homme pour l'Humanité".
Une fois arrivée à cela, les Rwandais seront arrivés vraiment à quelque chose d'important: être corresponsables de leur propre histoire par ce qu'ils l'assument courageusement, si élogieuse ou dramatique soit-elle, et maître de leur destin.
Comme le dit Martin Luther King, "quand on rêve tout seul le rêve n'est qu'un rêve, mais quand on rêve ensemble le rêve devient réalité". Puis-je alors espérer que je ne rêve pas tout seul, mais que je rêve au moins avec Vepelex et CIRI et bien d'autres personnes de bonne volonté et soucieuses de la paix durable au Rwanda? Gardons donc toujours espoir pour le Rwanda comme notre icône feu Mgr André Sibomana nous le recommande.
Et, pour lui rendre hommage avec tout le panthéon de nos frères et sœurs innocemment assassinés, nos parents et grands-parents, nos amis et connaissances, nos voisins les proches et les plus lointains dont leurs images déferlent devant nous et leurs voix et cris retentissent encore en nous comme si avril 1994 c'était aujourd'hui, je invite chacun et chacune qui me lit ou me lira demain ou après-demain de me rejoindre dans mes rêves les plus sincères. Sûr et certain, nos rêves deviendront un jour réalité au Rwanda.