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La diplomatie rwandaise serait-elle au service du banditisme d'État déguisé?


Montre-moi comment tu parades et tu manies la gâchette, et je te dirai comment tu t'es procuré l'uniforme et la kalachnikov. Ah oui, que ça me fait penser à la chanson "Kalachnikov Love" du musicien, Alpha Blondy, ambassadeur de l'ONU pour la paix en Côte d'Ivoire: http://youtu.be/lgSkpRhP5nI.Quand on n'est pas Rwandais, on est complètement mêléDifficile de sortir de cette overdose d'information sur le drame rwandais (et ses ramifications extraterritoriales) qui pullule jusqu'à même polluer l'espace médiatique international. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la seule façon de lutter contre le mensonge et la désinformation reste l'information plurielle s'exerçant dans le strict respect de la Liberté d'Expression. Mais nous sommes encore loin de là, très loin de là car au Rwanda, selon Reporters sans Frontières, le gouvernement persécute, terrorise et assassine toujours gratuitement les journalistes.


Ceci dit, sans la République Démocratique du Congo (RDC), l'économie rwandaise ne peut pas tourner efficacement, du moins jusqu'à preuve du contraire, avouons-le. Et il est évident que sans les Congolais, les rwandais ne peuvent pas vivre décemment, acceptons-le. Il faut donc en toute humilité reconnaitre que le Rwanda - pays pauvre et surpeuplé -, a besoin des ressources naturelles de son voisin le Congo - pays immensément riche avec une faible densité -. Mais hélas, tout dépend de quelle politique ou stratégie à favoriser et quels moyens politiques et institutionnels à mettre en place pour acquérir ces ressources et non les conquérir par la fraude intra-institutionnalisée et/ou par la force militaire, comme on peut l'admettre aujourd'hui par différentes sources fiables concordantes. La question est donc de savoir si le Peuple rwandais (et non les régimes rwandais transitoires) ne devrait-il pas vivre en bon voisinage avec le Peuple frère congolais, sur les bases solides et durables de respect mutuel et de complémentarité?


Le marketing politique aidant, dans certains médias, on vante trop le miracle rwandais au vu des infrastructures immobilières implantées dans la capitale Kigali, alors qu'il n'en est rien du tout même si effectivement une partie de Rwandais en bénéficie. Il y a juste à s'interroger sur la "formule inédite" de comment le FPR est devenu ou est parvenu à devenir un empire militaro-industriel, principale branche régionale des multinationales, avec comme sous-traitants, pratiquement toutes les organisations qui déstabilisent la RDC, les FDLR comprises? Les Rwandais n'ont rien à voir dans toutes ces combines super sophistiquées si bien qu'il ne serait pas impossible que les vrais commanditaires du FPR et des FDLR soient les mêmes sinon qu'ils sont issus des réseaux mafieux rivaux qui agissent en parfaite intelligence (histoire de se partager le territoire).


Flashback sur les visions des principaux présidents rwandais


On ne le dit pas ou on le cache sciemment; conscient que le Rwanda est démuni en ressources naturelles et menacé par une démographie galopante, le rêve du premier président Grégoire Kayibanda, fondateur de la jeune République, convergeait vers l'idéal de faire du Rwanda le "Carrefour des services" en Afrique. Et comme préalable, il a mis d'abord l'accent sur la construction de la Nation et le renforcement des institutions de l'État. De même, faisant fi des réalisations du deuxième président Juvénal Habyarimana, par lâcheté plusieurs acteurs politiques rwandais omettent de louer sa politique de bon voisinage axée sur la libre circulation des personnes, des biens et des services. On retiendra tout particulièrement pour Habyarimana, sa conviction dans le rôle prédominant des grands ensembles politiques, économiques et culturels sous-régionaux. La vision de l'actuel président, Paul Kagame, se décline à travers une politique de transformation du Rwanda à l'image de Singapour par l'approche mixte de puissance militaire et de diplomatie hyper agressive.


Le chef de l'État rwandais dicte la politique étrangère


Il est connu que la vision d'un chef d'État influence considérablement le style de communication et de diplomatie de son régime, d'une part, et influe indirectement sur la géopolitique locale, d'autre part. Partant de là, on peut remarquer à travers les bilans historiques que les deux premières approches réalistes des présidents Kayibanda et Habyarimana étaient beaucoup plus orientées vers l'efficacité de la politique intérieure complétée par celle de la coopération régionale et internationale. Par contre, le choix du président Kagame se distingue nettement de celles de ses prédécesseurs par une politique qu'on peut qualifier à bien d'égards d'irresponsable pour une Nation. Cette logique basée sur la force s'exerce notamment à travers un système combiné de moyens coercitifs (institutionnels, structurels et idéologiques) et, tout particulièrement, par une diplomatie affichée de chantage sur fonds de commerce du génocide. Rien n'est laissé au hasard, car « Qui veut la fin veut les moyens » régule les comportements des gouvernants, disciples de Machiavel, quand il s'agit d'hiberner un peuple naïf par un visage qui inspire confiance et qui flatte la corde nationaliste. Et ce qui est interdit au commun des mortels est admis quand on brandit la raison d'État : meurtre, poison, prison, disparition, manipulation, intrigues, mensonges. Il est donc intéressant de remarquer combien la ligne directrice de la diplomatie rwandaise est en parfaite adéquation avec les pratiques et les ambitions hégémoniques imprimées dans la vision globale du FPR, parti majoritaire au pouvoir.


Paul Kagame, pur produit du FPR


Beaucoup de journalistes attribuent le style particulier, à connotation populiste plutôt que patriotique (sic!), de l'actuel chef d'État rwandais à sa personnalité et à sa fermeté alors que Paul Kagame, comme acteur et leader politique, est avant tout un fin stratège, pur produit du FPR. Également, ce que peut-être on oublie de mentionner, tout en le sachant, c'est que Paul Kagame a été façonné par le FPR pour devenir le serviteur en chef des intérêts occultes du FPR et, par transitivité, de ses commanditaires. Ni plus, ni moins, qu'on s'y trompe pas ou point. Et le Rwanda n'est qu'un moyen légal (espace territorial reconnu) pour parvenir à cette fin; les Rwandais, redevenus esclaves dans leur pays, étant relégués au plan de marionnettes consentantes ou d'ignorants figurants.


Convoitise des richesses de la RDC par les puissances occultes


Le contrôle, l'extraction et la production des ressources naturelles principalement à l'Est de la RDC, devenu aujourd'hui un enjeu géopolitique majeur pour le gouvernement rwandais, relève de la stratégie globale d'annexion et de contrôle économique, élaborée par le FPR en collaboration avec les multinationales et avalisées par les grandes puissances internationales. Dans cette grande œuvre machiavélique conçue par la mafia internationale pour et sur le théâtre des pays des grands lacs, le FPR joue le rôle-clé à la fois de réalisateur, acteur et associé. Il est donc le principal maillon dans la chaîne de pillage et d'exploitation illégale des ressources naturelles (principalement: foncier, minerais et bois) de la RDC et leurs corollaires: le blanchissement d'argent et le trafic d'armes international. Quant aux vrais membres actifs des FDLR, ils ne sont que des employés occasionnels sur terrain qui exploitent et ont besoin d'un canal officiel pour écouler les produits. Sinon dans ce bled de forêt équatoriale sans aucune infrastructure, comment une organisation dite terroriste se procure-t-elle les armes et les munitions, les véhicules blindés, la technologie moderne de transport et de communication, et même que leurs officiels voyagent à l'international sans aucune crainte. Force est de constater qu'avec les multiples avertissements des grandes puissances et de l'ONU, toutes ces organisations qui déstabilisent la RDC ou plutôt qui pillent la RDC bénéficient certainement de la complicité tacite des grandes puissances sinon de la mafia internationale. Les différents rapports de dénonciation, restés lettre morte, produits par les experts internationaux ou les articles publiés par les journalistes d'investigation en témoignent plus que davantage et ils sont formels sur cet aspect de banditisme coordonné à l'échelle régionale et d'envergure internationale.


Retour sur le M23, les mercenaires du FPR


En 2012, j'étais à Goma à quelques semaines avant que le M23 ne prenne la ville de Goma et j'ai même pris des photos. L'atmosphère qui y régnait à ce moment était indescriptible; un mélange de panique et de joie. Panique du côté des Congolais et joie du côté des Rwandais et des Rwandophones. Mais une chose était certaine, la prise de la ville de Goma était imminente. Cependant, un fait non moins important a attiré mon attention. La douane et l'immigration congolaises étaient contrôlées par des rwandais alors que les agents congolais jouaient aux cartes faisant semblant de ne rien voir, rien entendre et rien dire. Alors qu'on prenait une bière dans un bar situé près de la frontière, mon guide - un rwandais bien-sûr, me confia et je cite : "Après tout nous ne pouvons pas mourir de faim alors que nous pouvons nous procurer tout ce que nous voulons au Congo". Retenez cette phrase et vous saurez qu'elle a été prononcée, sous forme de boutade à la rwandaise, dans une réunion officielle à Kigali des officiers de l'armée rwandaise (ou du FPR, c'est pareil!). Par qui? À vous de le découvrir... et comprendre la teneur de ce message transmis en langue nationale - le kinyarwanda - (une sorte de message codé due à la susceptible due la langue et que seuls les Rwandais peuvent déchiffrer).


L'ignorance et l'indifférence sont les pires ennemis des Rwandais


En politique internationale, domaine fort éloigné des préoccupations d’une écrasante majorité de citoyens chez lesquels le niveau de conscience politique est généralement faible ou négligée, la communication d'État encourage les confusions et les inexactitudes, voire la désinformation pour masquer les transformations politiques, économiques ou culturelles que le régime voudrait mettre en place. Il en est de même quand la paresse et/ou l’indifférence intellectuelles cèdent la place aux analyses biaisées, aux jugements simplistes hâtifs ou à l'interprétation éronnée tendancieuse de la réalité nationale. Ceci est d'autant plus vrai que les Rwandais de l'intérieur ignorent réellement ce qui se passe en RDC et les vrais enjeux de leur gouvernement en RDC. Pourtant ils ont droit de savoir et, le cas échéant, valider ou sanctionner avec la possibilité de faire d'autres choix pendant les élections.


Les mythes qui enveloppent le passé glorieux du FPR, dans son rôle prétendument de libérateur, et qui se projettent dans le présent jusqu’à justifier un destin national commun pourtant discutable, créent une véritable inertie culturelle chez la plupart des Rwandais et un réel blocage de conscience politique chez d'autres. Or, l’image nationale éronnée que véhicule aujourd'hui le FPR est celle d'un peuple rwandais uni et réconcilié avec lui-même alors que, comparée à la pure et unique vérité, la réalité tend à déformer et à réécrire l’histoire et la géographie nationales au dépens de la RDC. L’incapacité du Rwandais en général à saisir dans sa totalité et dans sa complexité les problèmes géopolitiques l’amène inexorablement à se détourner et laisser faire le gouvernement en compensation d'une paix éphémère, alors que de toute façon il participe, par des moyens détournés, à l'effort de guerre.


Le FPR, un État dans un état


À l'instar des régimes autocratiques, au Rwanda le droit absolu de conception des politiques et des stratégies gouvernementales appartient à la nomenklatura du FPR. Le rôle de la supervision des programmes nationaux et de leur mise en oeuvre revient aussi aux organes politiques du FPR. La mission de suivi et d'évaluation est confiée toujours aux apparatchiks du FPR. Autrement dit, le véritable pouvoir non gouvernemental mais décisionnel est aux mains de l'establishment du FPR, y compris le domaine de la politique étrangère réservé au chef de l'État qui traite l'interaction des questions géopolitiques économiques et géostratégiques. Curieux de voir comment le gouvernement rwandais, à travers sa diplomatie, a défendu bec et ongles M23 à Kampala, prétendant que la solution était politique que militaire, jusqu'à ce que la communauté internationale, par surprise, impose la solution militaire. Aujourd'hui, face aux FDLR, la diplomatie rwandaise s'excite et s'agite pour une solution militaire immédiate, et cette fois-ci, la communauté internationale y va mollo et penche plutôt pour une solution politique. Mais vers où peut mener le nouveau tempo lancé par le gouvernement du FPR? Si pas un nouveau prétexte pour déclencher une nouvelle agression au Congo, en tout cas un grand chaos à l'Est de la RDC est rêvé par le FPR et les FDLR pour trouver un moyen d'écouler leurs stocks saturés des minerais et autres ressources pillés.


La probabilité de l'échec militaire n'est pas nulle


Mais, il ne faut pas se fier aux apparences, car l’appréciation des forces d’un partenaire, d'un rival ou d’un adversaire, à plus forte raison de ses intentions ou de ses motivations, des obstacles apparents ou des facilités évidentes que présente un environnement géopolitique volatil conserve toujours un caractère aléatoire. Et cette hypothèse ne peut faire entièrement disparaître, même pour la plus grande puissance du monde, l'effet de surprise et donc le risque pour une intervention militaire la mieux préparée d'échouer. D'où la proposition plus prudente des pays de la SADC, ayant offert les effectifs qui composent la brigade d'intervention de la MONUSCO, de réévaluer la situation des FDLR dans toutes ses composantes avant de lancer l'opération militaire. Par conséquent, toutes les cartes diplomatiques n'étant pas jetées, le principe physique selon lequel que toute action engendre une réaction d'intensité égale mais de sens opposé, ne peut-il pas trouver une illustration dans la géopolitique des grands lacs? Sauf qu'il y a lieu de craindre que l'option militaire soutenue ardemment par le FPR passe de force à cause que les sociétés-mères des multinationales attendent la livraison des produits nouvellement pillés qui accuse déjà un certain retard... Et nous revoilà replongés dans une spirale de violences, situation qu'on pourrait appeler "Ordo Ab Chaos" des pays des grands lacs.


Victor Manege Gakoko


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