Paul Kagame a-t-il arrêté le génocide?
Qu’apprendront nos lointains descendants sur la tragédie rwandaise dans 2000 ans ?
Le génocide rwandais, seuls les Tutsi en ont-ils été victimes? Seuls les Hutu en ont-ils été les bourreaux? La manipulation des faits historiques n’est pas propre à la tragédie rwandaise qualifiée de Génocide rwandais ou des Tutsi (c’est selon). En effet, on voit combien l’histoire « officielle » qui s’écrit aujourd’hui sous nos yeux, celle que véhiculent les journaux et les associations aux missions plus que douteuses, est réductrice. Seuls les Tutsi ont été victimes du génocide et les Hutu en sont les bourreaux. Dominique Sopo n’a-t-il pas déclaré qu’évoquer le sang des Hutu c’est salir le sang des Tutsi?
Le ridicule n’a jamais tué personne, dit-on. "Le sang des Hutu est-il rouge?" se demandait, à juste titre, Jean-Bosco Barayagwiza. La seule vérité est que seuls les vainqueurs réécrivent l’histoire à leur guise. Pour les vrais historiens, écrire l’histoire, c’est tenter parfois de faire passer un chameau au travers du chas d’une aiguille.
Saviez-vous que les historiens ne sont pas d’accord sur la cause réelle de la destruction de la grande bibliothèque d’Alexandrie, construite par Alexandre Le Grand il y a deux mille ans ? Deux mille ans, c’est loin, n’est-ce-pas? Alors, dans deux mille ans comment nos lointains descendants interpréteront-ils nos actions et surtout le drame rwandais ? Pour le Koweit et l'Irak, ils apprendront que les USA ont libéré le Koweït du tyran Saddam Hussein. Ils applaudiront la victoire de la démocratie sur la pire des dictatures.
Mais sera-t-il porté à la connaissance de nos lointains descendants que les dirigeants américains ont eu l’adhésion de leur propre peuple qu’après avoir annoncé que les Irakiens avaient massacré des bébés ? De la foutaise car juste dix ans après la guerre de libération du Koweït, la jeune fille dont le témoignage avait été décisif pour basculer l’opinion du peuple américain qui approuva massivement l’intervention, a avoué qu’elle avait menti, qu’elle avait été forcée pour inventer des barbaries prétendument commises par les envahisseurs irakiens dans la maternité où elle travaillait. Mais l’ouragan était passé et tant pis pour les victimes.
Que dire des prétendues armes de destruction massive qui ont justifié la seconde intervention américano-britannique ? Aujourd’hui on sait que ces armes n’ont jamais existé. Tant pis, Saddam Hussein est mort. Et pourtant aujourd’hui on nous rabat les oreilles en continuant d’affirmer que cette guerre était juste, qu’il fallait renverser ce dictateur sanguinaire pour rétablir la démocratie. N'importe quoi!
Sur le drame rwandais, nos lointains descendants risquent d’apprendre que Paul Kagame a arrêté le Génocide commis par les méchants Hutu contre les gentils Tutsi et que c’est l’homme providentiel qui a ramené la paix, la démocratie et la stabilité dans toute la région.
Mais alors, Paul Kagame a-t-il vraiment arrêté le Génocide ?
Pour répondre à cette question je me réfère aux propos de l’ambassadeur Jean marie Vianney Ndagijimana. Dans son livre, Paul Kagame a sacrifié les Tutsi, Il écrit: « Le Général Paul Kagame n’a pas arrêté le génocide tutsi comme il l’a toujours prétendu. Bien au contraire, ce chef de guerre a délibérément provoqué le génocide, puis il a cyniquement et systématiquement rejeté toutes les initiatives des Forces armées rwandaises, des Nations Unies et de certains pays occidentaux pour arrêter le massacre des Tutsi. A plusieurs reprises, il a menacé de tirer sur les troupes étrangères qui tenteraient d’intervenir pour stopper le génocide. L’objectif de Kagame n’a jamais été de protéger nos parents Tutsi de l’intérieur, mais de s’en servir comme prétexte pour accéder au pouvoir par la force. Il est donc coresponsable du génocide tutsi au même titre que les autres génocidaires et doit en répondre devant la Justice et devant l’Histoire. »
Et pourtant, Paul Kagame continue à s’évertuer qu’il a arrêté le génocide, qu’il a sauvé le Rwanda alors que les occidentaux l’avaient abandonné. Mais oui, il peut se le permettre car il a toujours le soutien de ses amis américains et britanniques qui l’ont façonné et dont le degré de l’implication a dépassé le seuil du tolérable. Cependant, chaque médaille a son revers, dit-on. L’homme fort du Rwanda ne s’est pas façonné lui-même, ses maîtres à penser vont forcément, à un moment de l’histoire, vouloir rectifier le tir en réécrivant l’histoire de cette tragédie abominable. Ce qui revient à dire que l’histoire du génocide rwandais risque d’aller de rebondissement en rebondissement.
Alors, qu’apprendront nos lointains descendants sur la tragédie rwandaise dans 2000 ans ? Le débat reste ouvert.
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