Pénible Transition du Génocide au Postgénocide
Quelques questions étaient posées au journaliste Anjan Sundaram [AS] au sujet du livre qu'il a récemment publié sur la situation des journalistes dans une dictature. Le livre s'intitule "Bad News" [voir notre éditorial] et fait état de la disparition du journalisme indépendant "au pays des génocides" [notre désignation]. Nous relevons ici des passages de son interview avec Business Insider [BI] qui laissent deviner à quel point le Rwanda court vers sa ruine. Quel est l'antidote?
B I: Tout au long du livre vous semblez détecter une continuation de l'état d'esprit de l'époque du génocide dans le pays, votre livre semblant insinuer qu'en fait le Rwanda n'est pas stable, et qu'une tendance historique est catastrophique est en train de se reproduire en quelque sorte. Cela suggère-t-il que le Rwanda est une poudrière et que sa stabilité est purement fictive ? Etant donné que Kagame vient de modifier la Constitution pour pouvoir rester au pouvoir jusqu'en 2034, où pensez-vous que le Rwanda se dirige sans presse libre?
AS : Une grande partie de mon livre n'est pas seulement consacrée à critiquer le gouvernement,
mais aussi à communiquer en quelque sorte ce que l'on ressent à vivre dans une dictature, montrer comment ça peut être déstabilisant, irritant et même dénaturant.
Concernant le transfert du pouvoir, il semble très improbable que cela se fera de Kagame à quelqu'un d'autre sans violence. La plupart de chercheurs et universitaires le voient de cet oeil. Il y a au Rwanda des politiciens intelligents, compétents et expérimentés. Malheureusement Kagame les a tous aliénés ou tués ... Kagame est directement responsable de la mise en place d'un système dans lequel il détient un pouvoir absolu. Il est historiquement reconnu- et le Rwanda ne fait pas exception - que lorsque les pays ont des dirigeants autocrates détenant des pouvoirs absolus, les transferts de pouvoir s'accompagnent de violence.
VEPELEX DANS LA DÉMARCHE MÉDIACRATIQUE POUR LE RWANDA
La liberté d’expression constitue le plus fondamental des droits démocratiques. Et nous savons qu’elle n’est jamais offerte, qu’on la conquiert plutôt, étape par étape. Dans un contexte post génocide où les médias indépendants ont été diabolisés au Rwanda, notre objectif est de prouver que cela est une accusation en miroir tel un pyromane-pompier. En effet, il est de notoriété publique que la mainmise sur les médias et leur exploitation par des régimes totalitaires sont à l’origine des dysfonctionnements des médias et de la dénaturation de la profession. Il est grand temps que cela cesse dans une société en pleine mutation. Les médias doivent donc retrouver leur place dans cette société en tant que l’œil du peuple et non comme agent de propagande du pouvoir. L’Agenda setting post génocide [programme de VEPELEX] s’avère une initiative qui doit trancher avec cette inféodation obscurantiste en vue de canaliser le débat en le soumettant aux règles démocratiques, autrement dit, la démarche médiacratique.
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