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"Bad News", l'ultime Alerte Face à une tyrannie liberticide


"Pas de nouvelle bonne nouvelle", ceci n'est pas un proverbe pour les Rwandais. Ces derniers ont pour nouvelle quotidienne la mauvaise nouvelle, celle d'un proche froidement assassiné, porté disparu, mis en prison ou forcé à l'exil. Mais paradoxalement la mauvaise nouvelle n'est pas le souci de la presse, elle est soigneusement étouffée par les louanges chantées haut et fort par un peuple affamé et traumatisé à l'endroit d'une tyrannie pour le moins liberticide. Nous faisons face à une douloureuse disparition du journalisme indépendant au Rwanda du général Kagame.


Anjan Sundaram vient de publier "Bad News". Le traducteur avisé aura la peine de l'appeler

"Mauvaise Nouvelle", car cette voix des sans voix n'a pas l'intention de révéler les multiples secrets de Polichinelle, mais de conscientiser l'univers à l'hypocrisie du régime FPR foncièrement allergique à la liberté d'expression. Dans une entrevue avec Anna Maria Tremonti de CBC ce lundi 25 janvier 2016, le journaliste Sundaram fait remarquer que la prise de notes est chose interdite si le président Paul Kagame se trouve dans les parages. Pas question de téléphone cellulaire, "voice recorder" ou d'appareil photo, même si vous vous estimez journaliste! Sauf pour les personnes autorisées, qui "savent" d'avance ce qu'elles doivent publier.

Le livre d'Anjan est le récit complet d'un intrus patient qui, sous l'anodin titre de professeur, n'a pas trop attiré l'attention des loups du régime ni tombé dans le piège du charme. Il s'est profondément imprégné de la réalité vécue par ses étudiants journalistes ainsi que par des professionnels vivant au jour le jour dans une jungle où toute dissidence est impitoyablement écrasée. Contrairement à François Soudan, Collette Braeckman et autres propagandistes aveugles du régime de Kigali, Anjan Sundaram aura été l'un de ces rares journalistes occidentaux qui ont su relever le défi de l'empathie vis-à-vis de la misère vécue par les confrères rwandais.


M'adressant aux journalistes étrangers qui font leurs reportage dans la légendaire Région des Grands Lacs africains ravagée par des conflits, je disais récemment qu'un journaliste consciencieux est sensé avoir le génie de se mettre dans la peau des protagonistes afin de relever les frustrations des uns et des autres. Anjan Sunderam a sans conteste relevé le défi. Au même titre que le documentaire Rwanda's Untold Story de Jane Corbin, Bad News expose la cruelle réalité vécue par les défenseurs des droits et libertés au Rwanda ainsi que les politiciens de l'opposition, réalité que connaissent bien nombreux gouvernements occidentaux qui, pourtant, préfèrent l'ignorer pour faire la paix avec le régime de Kigali.


Bad News est l'ultime alerte lancée au lendemain du dangereux tripatouillage constitutionnel qui engage le pays du général Paul Kagame sur l'option d'une présidence à vie. Les conséquences sont très lourdes. Nul n'est donc besoin de souligner l'urgence d'agir avant que le pire frappe, l'ouverture de l'espace de liberté d'expression étant l'unique et incontournable préalable pour le désamorçage de cette bombe à retardement.

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