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À la recherche d'un homme


Bien que certains ne digèrent pas bien les références aux écrivains et philosophes étrangers préférant épuiser dans leur propre patrimoine, je voudrais quand même commencer cette note avec l'histoire de Diogène de Sinope pour éclairer d'avance ma réflexion. Il est raconté que ce philosophe grec du 3e siècle avant Jésus-Christ se promenait en plein jour, lanterne à la main, répétant "Je cherche un homme". Mais qui d'emblée penserait que l'extrapolation de cette anecdote puisse trouver une adaptation parfaite dans le contexte qui nous préoccupe aujourd'hui?


Les plus pessimistes analystes avancent que le Rwanda n'a pas d'intellectuels. C'est une assertion assez discutable, toutefois raisonnable à la lumière de plusieurs scénarios et faits qui se sont produits (et continuent de se produire) dans le pays et qui laissent douter de l'existence de l'illuminatio (allusion à la devise de l'Université nationale du Rwanda, La Lumière et le Salut du Peuple).


Le chiffre de plus en plus élevé de diplômés et d'universitaires rwandais ne contredit pas malheureusement l'affligeant constat, comme en témoigne l'absence flagrant du débat adéquat autour des défis majeurs de société. En témoigne aussi ce silence assourdissant des sages qui, cédant au chantage et craignant l'ostracisme, assistent traumatisés aux dérapages de la Nation sans pouvoir lever le petit doigt. Le plus aberrant cependant, concernant cette constellation de savants, c'est l'abrutissement qui résulte de la cacophonie à laquelle se livrent allègrement nos concitoyens par toile interposée.


À la recherche de la raison


L'exercice ne sera pas aisé même si notre Diogène national se munissait d'un projecteur de mille Watts! Le nuage de poussière soulevée par la bataille virtuelle entre d'une part les courtisans qui, becs et ongles se défendent et défendent la tyrannie, et de l'autre les frondeurs irréductibles, est plutôt trop épais et trop polluant pour caractériser un intellectuel. Ce dernier doit être guidé par l'éthique sans laquelle tout ce qu'il signifie et tout ce qu'il entreprend, si passionnément soit-il, ne saurait être fructueux.


Il importe donc que l'intellectuel apprenne non seulement à se définir lui-même et à s'en convaincre, mais aussi à convaincre le grand public, ses concitoyens. Et dans le cas précis du Rwanda, ce sont les défis et les enjeux de société qui en premier lieu vont nous servir à détecter les raisonnements méritoires.


Jean Daniel Mbanda a beau croire que "le seul bien que Dieu a daigné nous distribuer avec équité se trouve être "la raison" (sic) mais on pourrait lui rétorquer que dans ce cas il n'y aurait pas de déraison. Or, mensonge, mégalomanie voire démence, c'est de tous ces défauts que nos savants passent des journées à s'entraccuser, parfois dans un état de délire, sans jamais argumenter pour parvenir à un consensus. Où est donc la raison?



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